Une fille pleine d'espoir face au ciel

Commencer à la source. Je ne sais pas trop d’où ça m’est venu, mais j’ai toujours été habitée par un désir profond de prendre soin de ma planète, d’être en harmonie avec mon environnement. Et quand est venu le temps de penser à une maison, un problème s’est posé…

L’offre du marché immobilier ne répond pas à mes attentes. Frais faramineux en chauffage et fonctionnement, système d’alimentation en eau douteux, matériaux nocifs pour la santé et/ou l’environnement, etc.

Étant une éternelle utopiste, j’ai commencé à rêver ma maison idéale, mon mode de vie idéal. Je veux pouvoir manger la nourriture que je fais pousser. Je veux pouvoir vivre librement, la conscience tranquille. Je veux une maison qui me permette de vivre sainement, en équilibre.

Je suis un jour tombée sur un article qui parlait des Earthship. « EURÊKA! Voilà ce que je veux! » Je veux une maison qui interagit avec les phénomènes naturels. Ça a été le coup d’envoi. Au fil de mes nombreuses recherches et explorations, j’ai fini par entendre parler de la formation de Solution Era. Je me suis dit qu’aller écouter ces deux gars-là parler de maisons écologiques pendant une fin de semaine, ça me tente ! Puis, moment de doute… Mais qu’est-ce que j’allais faire dans une formation en design de bâtiment écologique, moi qui ai toujours terminé mes projets de travaux manuels par le classique appel à l’aide à mon père ?

C’est simple : comprendre, rêver (mieux) et dessiner.

Samedi matin, Collège Maisonneuve. En un claquement de doigts, j’ai oublié le beau soleil dehors, le décor froid de la salle de classe, et même la fête que je manque en après-midi. À mon grand étonnement, il n’y a pas de mots que je ne comprends pas. J’ai l’impression d’être à la bonne place, au bon moment. Je les écoute parler et je me dis que c’est possible. Ma maison existe, et mieux encore : elle est à ma portée !

On a vu différents modèles d’habitation, allant du classique Earthship aux formes artistiques, jusqu’à des modèles déguisés en maisons dites « normales ». L’objectif de ces bâtiments-là ; déjouer l’économie en devenant autonome et résilient. J’ai noté avec une petite étoile sur ma feuille de notes : « on ne parle pas de minimiser l’impact négatif, mais de maximiser l’impact positif ».  Et ça, j’aime ça. En fait, c’est rien de compliqué, c’est juste de la logique pure. Six principes de base à respecter :

  • Alchimie: Ça peut sembler insolite. Mais ce n’est rien de mystique, c’est juste du gros bon sens. En gros, ce que ça dit c’est qu’au lieu d’envoyer nos cochonneries dans l’environnement, on peut très bien les utiliser pour construire notre maison. Par exemple, au lieu d’envoyer nos vieux pneus à la crémation, on peut leur donner une deuxième vie : une fondation de bâtiment indestructible !
  • Chauffage passif : Un, l’art d’orienter tes fenêtres et ta maison avec le soleil pour profiter de cette énergie naturelle et gratuite. Deux, l’utilisation de ce qu’on appelle de la masse thermique, qui absorbe la chaleur ambiante et la redistribue lorsque la température redescend. Ça semble magique !
  • Récupération d’eau de pluie : Entre l’eau qui tombe du ciel filtrée et l’eau qui est filtrée avec du chlore dans des installations délabrées et désuètes, devinez quel verre je choisis de boire ?
  • Gestion des eaux grises et noires : Comment utiliser, surtout réutiliser notre eau intelligemment… Dans le désert du Nouveau-Mexique, ils réussissent à faire pousser des plantes, oasis qui n’aurait jamais vu le jour sans cette façon brillante de gérer l’eau qu’on a salie.
  • Production de nourriture : Il existe plusieurs solutions… Une d’entre elles : un modèle de serre, dans laquelle il y a des gens qui, au Québec, font pousser des légumes en hiver, sans utiliser de chauffage ! 
  • Électricité : Le gros de la facture d’hydro, on le sait, c’est le chauffage. En utilisant le chauffage passif, on en utilise déjà beaucoup moins. L’utilisation de panneaux solaires n’est pas nécessairement rentable pour le moment au Québec, mais c’est l’avenir !

C’est la base. Quand on parle de solutions écologiques, souvent les gens pensent que c’est complexe, plus cher et pas vraiment rentable. Mais il n’en est rien… On parle de systèmes simples, qui ne peuvent pas vraiment briser, puisque ça fonctionne sans mécanismes ! J’aime ça comme ça.

En plus, avec l’introduction au petit logiciel de modélisation 3D, des heures de plaisir en perspective pour imaginer ma maison, la concevoir virtuellement. Sans trop forcer, je suis ressortie de cette formation avec un certain savoir, moi qui ai sué sang et eau pour réussir mes sciences physiques! Je m’impressionne moi-même. N’importe qui peut le faire! J’ai déjà hâte au prochain cours, parce que j’en veux plus !

Au terme de cette fin de semaine vivifiante, souper de famille dominical. Mon père se fait une joie de me demander d’un ton narquois si j’étais prête à construire une maison. Léger mélange de rire et de malaise autour de la table… Sauf que quand j’ai résumé ce que j’ai appris, il riait moins. Il riait plus du fait d’entendre sa fille lui parler de construction, celle qui tape 2 fois sur 3 à côté du clou. Mais il avait l’air de penser que ça avait plein de bon sens. J’ai pas osé pousser ma chance en lui parlant des idées que j’ai pour le camp de chasse de mon grand-père, mais j’ai bon espoir que d’ici la fin du certificat, je vais trouver les bons mots pour le convaincre.

Auteur de cet article : Emma X