Nicolas Girouard, spécialiste de la rénovation écologique au Québec, présente quelques actions écologiques incontournables pour effectuer des rénovations respectueuses de l’environnement et de votre santé.
Les projets de Nicolas
Nicolas Girouard est un éco-entrepreneur et réno-maître accrédité, qui siège au comité de développement durable de l’APCHQ de Montréal, en plus d’être formateur et conférencier pour diverses organisations dont Solution ERA.
Son entreprise Les projets de Nicolas, basée à Montréal et qui comprend aujourd’hui une trentaine d’employés à temps plein, a gagné un prix Domus pour la meilleure rénovation résidentielle.
Les actions incontournables en rénovation écologique
Certaines actions permettent de rénover des bâtiments en éco-entrepreneur responsable. Si l’objectif principal consiste à rendre les pratiques plus écologiques, il vise également à encourager le leadership environnemental des éco-entrepreneurs. Parmi celles-ci, Nicolas présente celles qui visent tout particulièrement le domaine de la rénovation d’habitations.
Utiliser des produits locaux et écologiques
Pour une alimentation saine et écoresponsable, consommer des aliments certifiés biologiques est une première étape cruciale. Toutefois, la distance de provenance et le mode de production des denrées sont aussi à prendre en ligne de compte, puisqu’ils entraînent des conséquences autant sur le plan de l’éthique sociale que sur l’empreinte écologique.
Ceci s’applique tout autant aux pratiques et matériaux liés à la rénovation ou à la construction des habitats. Ainsi, le critère d’utilisation de matériaux écologiques ne tient pas seulement compte de leur nature même, mais également de leur provenance et de l’énergie grise encourue pour les produire.
Cette pratique exige d’utiliser au moins cinq catégories de produits locaux, c’est-à-dire à 800 km de distance maximum du chantier. Sinon, ceux-ci doivent être écologiques avec au moins 50 % de contenu recyclé et doivent favoriser le réemploi.
Appliquer au moins dix bonnes pratiques de durabilité
Écohabitation propose une soixantaine de pratiques souhaitables pour l’éco-entrepreneur. Vous êtes invité à y jeter un coup d’œil. S’informer est toujours essentiel avant tout projet de construction ou de rénovation.
Chaque chantier devrait s’assurer d’adopter un minimum de dix de ces actions. Travailler avec de bonnes pratiques est fondamental, et comme le souligne Nicolas, souvent il s’agit simplement d’user du gros bon sens!
Deux exemples concrets :
- Scellez tous les points de pénétration des éléments de plomberie, d’électricité et autres dans les murs et les planchers de votre habitat et assurez-vous de calfeutrer les joints. Par exemple, lorsque vous installez la sortie d’un tuyau de sécheuse (sèche-linge), assurez-vous de la colmater en apposant de l’uréthane.
- Assurez-vous d’installer un isolant du côté extérieur de l’habitat, afin d’éviter tout risque de condensation dû aux ponts thermiques, qui sont les inévitables points d’entrée du froid extérieur et de sortie de la chaleur intérieure du bâtiment.
Remettre aux occupants un guide d’utilisation des appareils installés
Pour faire suite à l’installation d’un appareil, tel un VRC (ventilateur récupérateur de chaleur), il est important que le guide d’emploi qui l’accompagne soit remis au propriétaire ou au locataire qui en fera usage au quotidien. Il est fondamental de s’assurer que cette information d’usage est bien comprise par les utilisateurs. Quand le faire fonctionner? Quel entretien préventif est nécessaire?
De plus, les pièces de rechange doivent idéalement être fournies au client, afin de s’assurer un maintien de l’appareillage en cas de bris. Il est également souhaitable de lui fournir les coordonnées des installateurs et les documents de garantie.
Pour une rénovation stratégique et futée, assurez-vous de prendre en photo la réalisation de vos installations juste avant de poser le revêtement final de placoplâtre (G-PROK) sur vos murs ou vos plafonds. Placez simplement un ruban à mesurer déroulé devant chaque section rénovée avant d’en prendre une photo. Pourquoi?
Si dans le futur vous êtes amené à effectuer des remplacements, installations ou réparations dans vos murs, une photo avec une référence de mesure vous permet d’installer, par exemple, un câble sans endommager un tuyau se trouvant à l’arrière. Ceci peut vous éviter des dégâts coûteux!
De plus, cette mesure permet également d’assurer un bon facteur de revente pour rassurer le futur acheteur de ce qui se trouve dans la structure du bâtiment dont il fait l’achat.
Réduire sa dépendance aux énergies fossiles
Les fonctions de Nicolas, au sein de son entreprise, consistent surtout à rencontrer ses clients. Il le fait donc grâce à un véhicule hybride, alors que ses employés se déplacent en camion quand cela est nécessaire.
Privilégier les transports écologiques et faire usage d’outils électriques à au moins 50 % (idéalement 100 %) sont des façons de réduire votre empreinte écologique. Si possible, évitez l’usage d’une génératrice et, lorsque possible, l’outillage fonctionnant à l’essence. Par exemple, il existe des mélangeurs à béton et des scies à béton électriques.
Gérer de manière écologique les déchets générés par ses activités
Comme nous avons pu le noter dans l’article Réglementation et certifications pour la rénovation écologique, la quantité de déchets générés par la rénovation et la construction de bâtiments est phénoménale!
En 2011, pour une seule année de construction et de rénovations sur l’île de Montréal, près de 141 000 tonnes de déchets ont été générés! Environ 58 % de ceux-ci ont pu être récupérés ou recyclés.
On comprend donc l’importance d’effectuer un triage à la source sur les chantiers de construction ou de rénovation. Tous les projets de Nicolas ne sont pas certifiés écologiques, il est même rare qu’ils le soient. Toutefois, pour l’ensemble de ses projets de rénovation, Nicolas s’assure que ses employés trient à la source les matériaux générés par les projets.
Il collabore avec des recycleurs qui se déplacent directement sur ses chantiers. Cette pratique permet également aux clients de Nicolas d’économiser des frais, puisqu’ils ne payent pas l’entrepreneur pour du temps passé à transporter les matériaux du chantier à des sites de recyclage.
L’entreprise de Nicolas trie à la source et recycle les déchets de métal (100 %), de bois (95 %), de cuivre et de carton. Pour ce qui ne peut être trié, Nicolas collabore avec une firme à Laval qui en recycle plus de la moitié.
Il s’agit simplement d’une méthodologie de travail stratégique qui ne coûte pas plus cher. En fait, elle vous permet même en tant qu’entrepreneur d’effectuer des économies. Comment?
Si en tant que particulier vous effectuez des travaux de rénovation, vous pouvez apporter les rebuts de matériaux gratuitement à l’écocentre de votre quartier. En tant que commerçant ou entrepreneur, vous devez par contre payer pour les recycler. En optant pour le tri à la source et la collaboration avec des recycleurs, vous vous évitez à vous et à vos clients des frais supplémentaires.
Gestion responsable des arbres se trouvant sur le site du chantier
Idéalement, il est souhaitable de protéger au maximum les arbres se trouvant sur le site du chantier. Toutefois, en cas de coupe nécessaire, l’objectif consiste à recycler, réutiliser ou gérer de façon responsable au moins 80 % de ces arbres occupant l’espace du chantier.
Par exemple, il est suggéré de ne pas enfouir les résidus végétaux, mais plutôt de les utiliser comme bois de chauffage ou qu’ils soient revalorisés d’une façon quelconque (meuble, accessoire extérieur, réemploi, récupération, etc.).
Effectuer un test d’infiltrométrie
Il s’agit ici d’effectuer un test d’étanchéité de votre bâtiment afin d’évaluer les pertes potentielles de chaleur dues à une isolation insuffisante ou défaillante. Rénoclimat consiste en un bilan de santé de votre habitat qui comprend, entre autres, un test d’infiltrométrie. Le résultat du test doit être inférieur à 1,5 changement d’air à l’heure à 50 Pascals (CAH à 50 PA).
Une évaluation positive permet l’obtention de points pour satisfaire les exigences de la cote ÉnerGuide. Cette dernière vous permet, à la fin des travaux, d’obtenir une subvention gouvernementale québécoise en fonction de l’amélioration que vous avez apportée à l’étanchéité de votre habitat.
Poser une colonne de dépressurisation passive pour l’évacuation du radon
Saviez-vous que la présence du gaz radon dans les habitats n’est pas moins que la deuxième cause du cancer du poumon après la cigarette?
Santé Canada affirme qu’une présence de radon supérieure à 200 becquerels (une unité de mesure de la quantité de désintégration d’une substance par seconde) par mètre cube dans votre bâtiment peut nuire sérieusement à votre santé.
Autre statistique inquiétante de Santé Canada : une maison sur sept dépasse les normes maximales de sécurité!
Il existe des capteurs de petite taille qui permettent d’analyser le niveau de radon qui circule potentiellement dans votre habitat. Sinon, un test qui ne coûte que 50 $ vous donnera l’heure juste sur le taux de radon dans votre habitat. En cas de présence élevée, poser une colonne de dépressurisation passive pour l’évacuation du radon est une façon de prévenir les risques pour votre santé et celle de vos proches
Le radon provient du sol et tend à remonter dans l’habitat s’il n’est pas conduit à l’extérieur de celui-ci par une colonne de dépressurisation passive. Celle-ci consiste en un tuyau installé sous le solage qui expulse le radon hors du bâtiment.
Aujourd’hui, pour toute nouvelle rénovation de sous-sol effectuée chez un client, Nicolas effectue systématiquement un test de radon avec son petit détecteur mobile.
Installer des appareils de plomberie à très haute efficacité dans la salle de bain
Il est devenu essentiel de diminuer la quantité d’eau utilisée dans nos habitats. Quelques exemples de systèmes à haute efficacité :
- Toilette avec une chasse de 4,9 litres d’eau maximum (ou à double chasse)
- Robinet avec un débit de 5,6 litres par minute
- Pomme de douche avec un débit de 7,5 litres par minute
Il y a quinze ans, ces articles étaient plus dispendieux et difficiles à trouver. Aujourd’hui, ils sont souvent à coûts égaux avec les systèmes standards et sont disponibles dans la plupart des quincailleries de quartier. Ceci s’applique tant aux toilettes double-chasse, qu’aux robinets certifiés pas la norme WaterSense.
Appliquer des peintures sans COV
Il est aujourd’hui connu que les COV (composés organiques volatils) qui se trouvent dans un grand nombre de produits, incluant ceux à usage domestique, peuvent nuire à la santé des occupants d’un habitat. Les peintures traditionnelles, en plus d’être polluantes, en sont de bons exemples.
Il existe toutefois sur le marché actuel des peintures qui, en plus de ne contenir aucun COV, coûtent le même prix qu’une peinture standard à qualité égale. Pas de raison de s’en priver!
Incorporer au moins trois options écologiques dans les maisons modèles
Pour les éco-entrepreneurs qui sont amenés à présenter des habitats modèles, il exigé que ceux-ci soient équipés d’au moins trois options écologiques. Vous avez le choix de multiples éléments qui peuvent y être incorporés :
- L’usage de peinture écologique sans COV
- L’installation d’un VRC qui permet de récupérer la chaleur et d’offrir une plus grande efficacité énergétique au bâtiment
- L’installation d’une robinetterie à haute efficacité
- Une isolation à la cellulose
- Etc.
Pour en savoir beaucoup plus sur la construction et la rénovation écologique, suivez le lien vers le Certificat en Design de Bâtiment Écologique.