Sans nécessairement viser l’autonomie énergétique, peut-être souhaitez-vous simplement économiser au maximum sur vos dépenses en énergie, que ce soit pour des raisons écologiques autant que financières? Voici quelques astuces accessibles et efficaces pour parvenir à conserver vos aliments de façon plus stratégique et faire un virage vers un frigo plus écologique!
Dépense énergétique élevée liée à la réfrigération
Tout comme le chauffage de l’habitat, la réfrigération (réfrigérateur et congélateur pour la conservation des aliments par le froid) exige un niveau élevé de ressources énergétiques. En effet, en tant qu’appareil, votre réfrigérateur n’exige pas une charge supérieure en électricité, c’est toutefois son usage en continu qui génère une grande dépense en énergie.
Si vous visez un haut niveau de résilience, d’autonomie énergétique partielle ou même complète, le taux élevé d’électricité que requièrent les appareils de réfrigération comme méthode de conservation par le froid des aliments n’est pas aisé à combler avec un nombre restreint ou même standard de panneaux solaires.
Frigo écologique : choisir des appareils de réfrigération efficaces
Une des façons de minimiser cette dépense importante en électricité, générée par la réfrigération et la congélation de vos aliments, consiste à investir stratégiquement dans l’achat d’un frigo écologique ou d’un congélateur à basse consommation certifié Energy Star.
Si vous visez l’autonomie énergétique complète, Francis Gendron, cofondateur de Solution ERA, a pu noter l’usage fréquent d’appareils de la marque Sun Frost en contexte d’« Earthships », lors de sa formation aux États-Unis avec Michael Reynolds.
Si ce modèle d’appareil est un peu plus coûteux – puisqu’il est mieux isolé et plus efficace qu’un système de réfrigération standard –, il vous revient toutefois moins cher que l’investissement nécessaire à l’ajout de panneaux solaires supplémentaires pour combler le besoin en électricité requis par un réfrigérateur conventionnel.
La Denise et les jarres en terre cuite : des astuces à très faibles coûts
La Denise et la jarre en terre cuite sont deux belles solutions ultra simples et à faible coût, qui vous permettent de conserver plus longtemps vos fruits et légumes. Vous pouvez même les concevoir vous-même!
La Denise offre trois différentes stratégies pour conserver une variété de fruits et légumes qui exigent des conditions de conservation différentes, sans avoir besoin de réfrigérateur. Il faut savoir qu’un grand nombre de végétaux ne supportent pas la température trop basse d’un réfrigérateur ou des périodes prolongées dans ce dernier et tendant ainsi à s’abîmer plus rapidement. Ce gaspillage des denrées peut-être aisément évité.
Dans un premier temps, vous pouvez concevoir – ou vous procurer sur le marché – un contenant de bois que vous remplissez au deux tiers de sable. Puis, vous y insérez à la verticale vos légumes de terre tels que les carottes, les oignons verts, les betteraves, les navets, les poireaux, etc. Le sable doit être légèrement humidifié afin de conserver un climat frais et sombre, souhaitable pour la plus longue conservation de la nourriture.
Vous pouvez également vous procurer ou concevoir une boîte de bois avec un couvercle ou un tiroir. Il vous permettra d’accéder facilement aux aliments et de conserver des légumes qui exigent un environnement plutôt sec, aéré et sans lumière, tels que les pommes de terre, l’ail, les échalotes françaises, les oignons, etc.
Finalement, une autre forme prise par la Denise consiste en un simple bol ou plat à fruit en céramique. Vous y déposez une structure en lattes de bois, en dessous de laquelle vous vous assurez de maintenir une mince couche d’eau. Attention, celle-ci ne doit pas baigner les lattes de bois.
Vous y déposez les fruits et légumes (aubergines, poivrons, tomates, concombres, etc.) qui ont besoin de plus de lumière, de fraîcheur et d’une certaine humidité – obtenue par l’évaporation de l’eau –, mais ne supportent pas les températures inférieures à sept degrés Celsius trouvées dans les réfrigérateurs.
La jarre en terre cuite est tout à fait complémentaire à la Denise. Très simple à concevoir, ce système est constitué d’une grande jarre de terre cuite, non scellée de vernis, qui permet de conserver la fraîcheur et de gérer l’humidité.
Dans le fond de celle-ci, vous insérez une couche de sable de plus ou moins un pouce, sur laquelle vous déposez une seconde jarre de terre cuite d’un diamètre inférieur. Il s’agit par la suite de remplir de sable l’espace vide entre la petite et la grande jarre.
Assurez-vous de maintenir en tout temps un niveau d’humidité suffisant dans ce volume de sable, par l’ajout d’un peu d’eau au quotidien, ce qui contribuera à maintenir une certaine fraîcheur à l’intérieur de la plus petite jarre. Dans celle-ci, vous pouvez entreposer les fruits, légumes ou denrées que vous souhaitez, afin de les conserver plus longtemps.
Pour concevoir votre Denise ou votre système de jarres de terre cuite, pourquoi ne pas viser l’usage de matériaux sains, recyclés, renouvelables, locaux et durables! Vous aurez ainsi un « frigo » des plus écologique!
Un caveau extérieur : idéal pour les régions tempérées
Il existe sur le marché des structures qui peuvent être installées dans le sol de votre terrain afin de servir de caveau pour entreposer diverses denrées (fruits, légumes, conserves, etc.), tout comme il est possible de créer votre propre caveau extérieur. Si ce type de structure est tout à fait viable dans le contexte de régions plus tempérées, il est toutefois beaucoup moins pratique dans des climats nordiques aux hivers rigoureux.
En effet, un caveau extérieur présente les mêmes défis qu’une serre non adjacente à l’habitat. Durant la période hivernale, le fait de devoir se vêtir chaudement pour aller à l’extérieur et se procurer les denrées souhaitées dans le caveau ou la serre indépendante n’est pas toujours pratique et idéal. L’usage d’une chambre froide à même le bâtiment de vie est souvent privilégié en climat froid.
Une chambre froide dans votre habitat : comment créer la vôtre!
La chambre froide, véritable frigo écologique, est en effet une alternative intéressante au caveau extérieur afin de conserver un grand nombre de denrées.
Luc Muyldermans, architecte d’origine belge, grand spécialiste des habitats bioclimatiques et solaires passifs au Québec, est aussi formateur chevronné pour la formation du Certificat en design de bâtiment écologique de Solution ERA. Il partage, dans sa conférence, des astuces afin de créer vous-même une chambre froide efficace dans le sous-sol de votre habitat.
Pour servir d’exemple, imaginons un sous-sol constitué de diverses zones : un escalier donnant accès à l’étage, une section isolée et chauffée pour l’usage des occupants et une section non isolée et non chauffée servant de chambre froide et de cellier.
Il est important que les murs qui séparent la chambre froide des autres sections du sous-sol (qui sont chauffées) soient isolés de façon à ce que d’un côté, la fraîcheur soit maintenue dans la chambre froide et que de l’autre, la chaleur des autres zones du sous-sol ne vienne pas interférer avec cette basse température.
Pour les murs de la chambre froide donnant sur l’extérieur de l’habitat, Luc précise qu’ils ne doivent être isolés que sur deux pieds dans leur section supérieure – ce qui correspond aux deux pieds sous le niveau du sol extérieur – de façon à s’assurer que le gel n’entre pas à l’intérieur de la chambre froide.
Le reste de ces murs, constitués par les fondations de béton verticales de l’habitat, n’ont pas à être isolés. Ceci permet de bénéficier de la fraîcheur naturelle du sol dans lequel ils se trouvent.
La dalle de béton horizontale de la fondation ne doit pas non plus être isolée dans la section de la chambre froide. Il s’agit simplement de couvrir le sol d’une membrane de polyéthylène sur laquelle sera coulée la dalle de béton. Ceci permet que la fraîcheur du sol conserve cet espace frais. Toutefois, pour les sections chauffées du sous-sol, la dalle de béton doit être isolée de façon standard.
Afin de s’assurer, encore une fois, qu’il n’y ait pas de communication de chaleur entre la dalle isolée des sections chauffées du sous-sol et celle de la chambre froide qui ne l’est pas, il est important de créer un petit muret ou rehaussement vertical isolé qui servira de base aux murs qui fermeront la chambre froide.
Un autre élément essentiel à intégrer à cette zone du sous-sol qui devra rester fraîche est une entrée de ventilation comprenant un volet. Cet ajout permettra d’ajuster, selon les saisons, le débit de circulation d’air nécessaire dans cette pièce pour éviter une présence constante d’humidité et la prolifération potentielle de moisissures.
En hiver, il est préférable de laisser ce volet presque fermé afin de laisser circuler un très faible filet d’air. On procède ainsi puisqu’à cette période de l’année, l’habitat tend déjà naturellement – pour des raisons de température – à créer un appel d’air vers le haut et l’extérieur du bâtiment.
Il est également souhaitable, dans la conception de votre chambre froide, de prévoir un espace (1/2 à 1 pouce) sous la porte d’entrée afin de permettre une circulation d’air naturelle.
Une chambre froide peut aussi être disposée dans :
- un garage,
- une salle technique,
- l’espace d’entreposage de votre système d’autonomie énergétique ou d’entreposage de l’eau, pour ceux qui choisissent un système de récupération des eaux de pluie.
Réunir dans un même lieu les éléments qui ne requièrent pas ou très peu de chauffage vous permet de concevoir votre habitat de façon stratégique. Cela vous permet également de ne pas encourir des pertes énergétiques importantes et inutiles, en plus de créer une zone tampon entre le froid extérieur et la zone chauffée du bâtiment. C’est une façon futée d’intégrer un design bioclimatique!