Chaque terrain est unique. Toutefois, pour qu’il puisse vous offrir tout son riche potentiel, il existe quelques astuces et conseils incontournables à savoir avant d’entreprendre les travaux d’excavation. Vous serez ainsi assuré de la gestion la plus efficace possible des eaux de pluie tout en maximisant l’usage de la couche de sol arable qui le recouvre.
Conseils d’experte
Kate Alvo, formée par Chris Magwood en design et construction de bâtiments durables, mais également en permaculture, a œuvré dans la rénovation écologique à Montréal, en plus d’avoir conçu et construit une maison solaire passive en ballots de paille. Depuis 2014, Kate offre régulièrement des ateliers-visite de sa maison, dans lesquels elle promeut l’importance de bien maîtriser la science du bâtiment ainsi que les détails de construction pour assurer la durabilité des projets d’habitats mis en œuvre.
Kate est aussi formatrice au Certificat en design de bâtiment écologique de Solution ERA. Il y partage son expertise unique pour la construction de maisons en ballots de paille et l’aménagement efficace d’un terrain afin de favoriser sa stabilité, une gestion efficace des eaux de pluie qui y circulent, ainsi que son potentiel fertile dans le cadre d’un projet d’aménagement du sol qui vise une approche en permaculture.
Le cas de Kate : une étude géotechnique pour évaluer la stabilité du terrain
La maison écologique en ballots de paille de Kate Alvo a été bâtie sur une section de son terrain surplombant une rivière. Entre l’habitat et le cours d’eau se trouvait, à l’origine, une pente fortement érodée qui tendait à s’amplifier en continu dû à de forts glissements de terrain. À quoi cela était-il dû?
Quelques années précédant l’achat du terrain par Kate, celui-ci avait abrité un barrage ayant cédé lors de pluies torrentielles, laissant complètement à nu cette section très pentue et à présent fortement érodée du terrain.
Notant l’état d’instabilité de ce talus érodé, Kate a fait faire une étude géotechnique afin de comprendre exactement ce qui s’y produisait et les risques potentiels qui pouvaient y être associés, pour pouvoir ainsi parer à toute éventualité. L’objectif consistait à contrôler plus efficacement les glissements de terrain et l’érosion massive qui s’y produisaient grâce à une nouvelle conception, impliquant un remaniement de l’aménagement de ce talus.
Toutefois, avant d’en arriver à cette étape importante, Kate a dû apprendre par essais-erreurs!
Observation des réalités du terrain avant la conception
En effet, comme en témoigne humblement la formatrice chevronnée, même si elle avait suivi d’excellentes formations nécessaires à la réalisation et la mise en œuvre de son projet d’habitat écologique, elle avoue qu’il y avait encore, à cette époque, quelques petites lacunes dans ses connaissances, quant à la façon de gérer le sol sur un terrain.
Une fois son habitat construit dans une section surplombant le talus très pentu et érodé surplombant la rivière, Kate a pu noter que lors de fortes pluies, toute l’eau de la toiture du bâtiment tendait à se déverser dans cette pente déjà dénudée et fragilisée par le bris de l’ancien barrage.
Il était donc devenu essentiel de prendre cette situation en main pour éviter que les choses ne s’aggravent davantage. De là est venue la décision d’effectuer une étude géotechnique, suivie de travaux de terrassement stratégiques sur l’ensemble du terrain pour assurer une gestion plus efficace de l’eau de pluie.
Une des riches leçons apprises par Kate est qu’il est fondamental d’observer la façon dont circule et s’écoule l’eau sur le terrain afin d’effectuer, dès le début, une conception viable de l’habitat et de l’aménagement du sol, facilitant ainsi une gestion efficace de l’eau de pluie. Ceci permet d’établir l’emplacement optimal de l’habitat avant de passer à sa mise en œuvre.
En raison de cette expérience, elle a également dû se rendre à l’évidence qu’au moment de la construction du bâtiment, il était préférable d’effectuer dès le début l’essentiel du terrassement sur le terrain, si celui-ci s’était avéré nécessaire.
Maximiser la récupération du sol arable lors des travaux d’excavation
Pour ceux qui sont moins familiers avec ce domaine, le sol arable est constitué de la couche supérieure de terre la plus fertile contenant tous les riches nutriments qui contribuent à la croissance des végétaux. Cette couche est très précieuse, puisqu’elle prend du temps à se former à partir de la lente décomposition des éléments organiques qui s’y déposent.
Il est donc fondamental, lorsqu’on effectue des travaux d’excavation, de retirer avec soin la couche de sol arable afin de la conserver pour fin de réutilisation. L’excavation à la pelle mécanique permet de modeler le sol de façon à maximiser une circulation efficace des eaux de pluie grâce à une conception optimale. Après quoi, en phase finale, la couche arable est déposée avec soin sur le terrain remodelé.
Il s’agit d’une information fondamentale que les excavateurs devraient tous connaître afin d’éviter le gaspillage de cette couche de terre précieuse lors des travaux d’excavation. Assurez-vous d’être toujours présent sur le chantier si vous voulez être assurés que cette couche ne soit pas gaspillée et mélangée au reste du sol excavé, que ce soit lors du creusage des fondations de votre habitat ou à des fins de terrassement.
Malheureusement, lorsque Kate est arrivée sur son terrain le premier jour de l’excavation des fondations de sa maison, l’excavateur était déjà à l’œuvre. La précieuse couche de sol arable avait été mélangée au sol stérile, pour aboutir dans une section du terrain située au-dessus du talus.
Conception en terrasse pour ralentir et guider le flot de l’eau de pluie
Grâce à sa formation en permaculture, Kate avait appris des techniques permettant de mieux gérer la direction et le débit de circulation de l’eau de pluie sur un terrain. En effet, ces techniques visent à faire circuler l’eau dans le lieu le plus approprié, en plus de faire ralentir son débit pour qu’elle ait une chance de s’infiltrer dans le sol, plutôt que d’être emportée dans un fort courant.
Kate a donc mis à profit les éléments que lui offrait son terrain : un talus fortement pentu et érodé, une quantité de sol conservée suite à l’excavation des fondations de la maison et la nécessité de gérer les écoulements d’eau de pluie venant de la toiture. De quelle façon s’y est-elle prise?
Kate a créé un plan d’aménagement paysager dans une approche de permaculture. Celui-ci permettrait de rediriger l’eau de pluie de la section instable vers la section plus stable du terrain en construisant une série de paliers plus ou moins plats. Ceci amènerait l’eau à se stabiliser et à entrer davantage dans le sol, plutôt que de simplement se déverser vers le talus en emportant sur son passage tous les nutriments qui le composent, en plus de créer de l’érosion.
Les paliers, étant conçus pour former un presque plat avec un angle léger, permettaient ainsi à l’eau de pluie d’être efficacement et lentement redirigée dans la direction appropriée du terrain afin de ne pas fragiliser le talus situé en contrebas.
Lors de cette phase, Kate a de nouveau dû engager un excavateur afin de créer les terrasses. Cette fois, elle s’est toutefois assurée que le maximum de terre arable soit récupérée afin qu’elle soit redistribuée sur le sol de toutes les nouvelles terrasses finalisées.
Autre astuce fondamentale partagée par Kate : il est important que l’excavateur et sa lourde pelle mécanique déposent la couche de sol arable sur les terrasses sans rouler sur cette dernière, ce qui a pour résultat de la compacter. Ceci est à éviter puisque la compaction empêche la couche de sol arable de favoriser la circulation d’air et la création d’un milieu idéal pour la culture des végétaux.
Il s’agit simplement de travailler de façon stratégique. L’objectif est que la pelle mécanique de l’excavateur puisse amener la terre de son lieu d’entreposage initial au lieu du terrassement, sans avoir à rouler sur la couche de sol arable précédemment déposée.
Semer rapidement pour stabiliser le nouveau sol
Cette dernière et précieuse couche fertile étant très fine, Kate a rapidement dû miser sur son développement, qui se produirait sur plusieurs années. Pour ce faire, Kate conseille, à la fin des travaux d’excavation des terrasses, de déposer immédiatement sur la couche de sol arable de la paille fraîche (en brin et non en ballots entiers) – grâce à une équipe de quelques personnes – afin de créer une couverture protectrice.
Par la suite, Kate s’est assurée de planter immédiatement un couvre-sol qui tiendrait la terre en place afin qu’elle ne soit pas emportée à la première pluie importante ou par le vent (une fois devenue sèche). Cette couche de paille et ce couvre-sol végétal permettent d’éviter l’érosion, mais également la potentielle compaction du sol générée par la pluie tombant sur la terre nue.
Le couvre-sol utilisé importe peu. Vous pouvez faire usage de trèfle, ou comme Kate, d’un mélange de semences (trèfle, vesce velue et moutarde) afin de fixer l’azote dans le sol, ce qui permet de l’enrichir et de le stabiliser. En l’espace d’un an, Kate a vu naître sur la couche de terre précédemment dénudée, un riche parterre de verdure!
Trouver des solutions propres à son terrain
Kate insiste beaucoup sur le fait que le partage de son expérience ne constitue pas un manuel d’utilisateur fixe et rigide applicable à toute situation ou projet. En effet, chaque terrain est unique et une analyse spécifique doit être effectuée pour aménager ou acheter un terrain de façon stratégique.
La stratégie de terrassement adoptée par Kate convenait parfaitement à la topologie de son propre terrain et au type de sol dont il est composé. Toutefois, une telle technique ne conviendrait absolument pas à un terrain plat et plus argileux.
Il est donc fondamental, comme le souligne Kate, de bien connaître les caractéristiques de votre terrain. Observer, noter, s’informer et se former est essentiel afin pour répondre de la façon la plus viable et efficace possible aux réalités de votre projet, autant sur le plan de l’habitat que de l’aménagement du terrain et du sol.
Si la conception vous passionne, ainsi que d’en apprendre davantage sur des stratégies judicieuses pour investir à long terme dans des matériaux, des techniques et des systèmes efficaces, futés, performants et respectueux de l’environnement, suivez le lien au Certificat en design de bâtiment écologique!