Même si moins efficace que le foyer de masse ou à granules, le poêle à combustion lente peut être une solution de chauffage efficace, accessible financièrement et écologique là où la ressource est locale, dans la mesure où celui-ci possède la certification EPA.
Deux traditions de chauffage au bois : européenne et nord-américaine
On observe au moins deux traditions culturelles parallèles dans le chauffage au bois : la voie européenne (pays scandinaves et germaniques) et la voie américaine (de souche française et britannique), qui ont toutes deux développé leurs propres habitudes culturelles et leurs technologies.
Par exemple, l’approche européenne s’est caractérisée par des technologies qui privilégient des feux brefs et intenses pour une combustion complète du bois, tels le foyer de masse, le poêle à granules ou la chaudière au bois avec stockage thermique.
En Amérique du Nord, on a privilégié les combustions lentes et fumantes, grâce à des appareils de chauffage tels le foyer ouvert, le foyer à combustion lente ou les bouilloires extérieures (outdoor wood boiler).
Pour plus d’informations sur le chauffage au bois et ses techniques de combustions et approches plus saines pour la santé et l’environnement, on peut se référer à l’article Le chauffage au bois : une solution écologique?
L’inefficacité des foyers ouverts traditionnels
Sur le territoire forestier nord-américain, le foyer ouvert porte une forte résonance culturelle. Pour beaucoup, le besoin de contempler le feu et d’avoir un contact direct avec celui-ci est presque viscéral.
Toutefois, le foyer ouvert est inefficace sur le plan énergétique, très polluant pour l’atmosphère et potentiellement nocif pour la santé. Ce système tire un tel volume d’air par la cheminée vers l’extérieur de l’habitat, qu’une grande partie de la chaleur produite par la combustion est gaspillée et ne sert pas à chauffer le bâtiment.
De plus, ce type de système peut produire jusqu’à 42 grammes de particules fines par kilo à l’heure, ce qui en fait le plus grand pollueur des systèmes de chauffage au bois, en plus de nuire potentiellement à la santé de tous (problèmes d’asthme entre autres).
Même si l’on connaît aujourd’hui les nombreux désavantages de ce type de système, beaucoup de Nord-Américains résistent encore à effectuer un profond changement de paradigme afin de repenser leur façon de se chauffer au bois.
Ceci est à la source du règlement qui a été instauré, obligeant, à présent, l’installation de poêles à combustion lente certifiés EPA.
Historique du poêle à bois nord-américain
Du point de vue historique, mentionnons que certains se sont penchés sur l’amélioration du foyer ouvert, tel le comte de Rumford avec le foyer Rumford.
De son côté, Benjamin Franklin a créé le poêle Franklin…
…qui s’est avéré, malheureusement, tout aussi inefficace que le foyer ouvert, ce qui a mené à la création des poêles étanches des années 70.
La logique derrière cette création était que si le foyer ouvert consommait trop de bois et ne chauffait pas efficacement, puisque trop d’air en ressortait, ce type de poêle réduirait le taux de combustion (en réduisant le taux d’oxygène envoyé au feu), ce qui permettait au bois de se consumer plus lentement en épuisant moins de ressources.
Toutefois, avec cette approche, le niveau de combustion, qui est beaucoup moindre, tend à créer des feux très fumants. Et qui dit fumée, dit beaucoup de particules fines et polluantes relâchées dans l’atmosphère. Ces poêles sont donc peu efficaces et nocifs pour l’environnement.
Dans cette veine on retrouve également les bouilloires extérieures américaines (outdoor wood boiler) conçues pour brûler même du bois de mauvaise qualité. Nombre de ses propriétaires se targuent d’ailleurs avec fierté de pouvoir y brûler presque n’importe quoi… toutefois cela engendre un haut degré de pollution atmosphérique! Du point de vue de l’efficacité et de l’écologie, c’est loin d’être le système à privilégier!
Les anciens modèles de poêles à bois non certifiés EPA
Les anciens modèles de poêles à bois non certifiés EPA – s’ils possèdent le charme d’antan et se trouvent aujourd’hui à faibles coûts dans les petites annonces (ce qui ne relève pas du hasard) –, sont toutefois inefficaces sur le plan énergétique. De plus, ils produisent 20 à 30 fois plus de particules fines polluantes expulsées dans l’atmosphère que les poêles certifiés EPA.
Il y a des contextes où la récupération et la réutilisation d’objets peut être écologique… dans ce cas bien précis, et dans une optique de chauffage efficace, les vieux poêles d’antan ne représentent pas du tout un choix stratégique et encore moins écologique!
Les poêles à combustion lente possédant la certification EPA
Les poêles à combustion lente certifiés EPA (Environnemental Protection Agency des États-Unis) de la phase un, expulsent sept grammes de particules par kilo à l’heure, ce qui est nettement moins polluant que les poêles d’antan (18,5 à 30 gm). Les poêles certifiés de la phase deux, diminuent encore ce taux de pollution avec 1,5 ou 2,5 grammes de particules fines par kilo à l’heure!
Ces types de poêles peuvent être conçus en acier ou en fonte, et certains modèles présentent même une certaine esthétique, en plus d’offrir une plus haute efficacité que le foyer ouvert ou les poêles à combustion lente d’antan.
Pour ceux qui tiennent mordicus à faire usage du charme décoratif et fonctionnel de leur ancien foyer ouvert, mais de façon plus efficace et moins polluante, il est possible d’utiliser un insert. Qu’est-ce qu’un insert?
On descend une gaine dans la cheminée et on la connecte à un poêle à combustion lente avec les critères EPA d’aujourd’hui, qui s’intègre harmonieusement à l’ancienne structure architecturale du foyer ouvert, en plus d’offrir par le biais d’un large vitrage,une vue sur la combustion du feu. C’est un peu le meilleur des deux mondes.
On retrouve deux types d’appareils dans les poêles à combustion lente certifiés EPA : les poêles catalytiques et non catalytiques.
Les poêles catalytiques et non catalytiques : quelle est la différence?
Le poêle catalytique est doté d’un catalyseur (comme dans les voitures) à travers lequel passe la fumée afin de s’assurer de brûler les particules fines et réduire la pollution dans l’air.
Toutefois, le problème à long terme est que le catalyseur tend à s’user et ses performances peuvent dramatiquement baisser avec les années. Neuf, il fonctionne toutefois de façon plus efficace que le poêle non catalytique, toutefois il demande un certain entretien.
Le poêle non catalytique ne possède pas de catalyseur, mais une technologie d’alimentation en air secondaire qui est simplement ajoutée au poêle.
Dans le principe de base de la combustion, il est important de nourrir le feu avec de l’air à plusieurs points critiques, afin que le mélange des gaz se fasse le mieux possible.
Cette alimentation supplémentaire permet donc une meilleure combustion des particules fines. Son efficacité est un peu moindre que celle des poêles avec catalyseur, mais elle est plus stable à long terme. Il n’existe pas de système parfait!
Les avantages des poêles à combustion lente
- Ils sont relativement économiques, si on compare avec le coût d’un foyer de masse (qui est toutefois beaucoup plus efficace et encore moins polluant).
- Ils produisent une chaleur rapide par convection. Il est plus intéressant si on a un besoin ponctuel en chaleur dans un bâtiment, plutôt qu’en continu.
Les désavantages des poêles à combustion lente
- Chauffer du métal à haute température crée plusieurs effets négatifs sur la qualité de l’air du bâtiment. Dans le choix d’un appareil de chauffage, il ne s’agit pas simplement de considérer son taux d’efficacité, mais également les conditions de vie des occupants.
Par exemple, le poêle tend à brûler la poussière qui se trouve dans l’air, ce qui génère un air sec et de qualité douteuse. Certaines personnes peuvent y être très sensibles.
De plus, le chauffage du métal à température élevée crée des ions positifs, qui génèrent de la fatigue et diminuent la vitalité.
- Le poêle à bois n’est pas doté d’un stockage thermique. Pour chauffer un habitat 24 heures sur 24 (en cas d’autonomie énergétique) en plein hiver québécois, il faut parfois se lever la nuit pour alimenter le poêle.
- Si l’habitat est très isolé, comme c’est le cas des maisons haute-performance, il y a plus de risques de surchauffe puisque, contrairement au foyer de masse, la chaleur de la combustion est directement transmise au bâtiment (sur une période plus courte et intense), plutôt que d’être diffusée peu à peu, grâce au réservoir de stockage thermique que constitue la masse thermique.
Astuces à connaître dans l’achat d’un poêle certifié
Les poêles à combustion lente certifiés EPA sont tous dotés d’une étiquette à l’arrière de l’appareil, qui spécifie le taux de production de particules fines dégagées par le système. Il est important de s’assurer que cette plaquette ou étiquette soit bien apposée sur le poêle au moment de l’achat, surtout s’il s’agit d’un appareil usagé.
Autre astuce, de nombreux fabricants ou vendeurs de poêles annoncent parfois une efficacité de combustion de 95 % pour leur appareil! Si le foyer de masse, qui est le système le plus performant de tous, atteint rarement une efficacité qui dépasse 85 %, commet cela est-il possible?
Lorsque les fabricants des poêles effectuent les tests d’efficacité de leurs produits, ils se basent sur un taux de combustion produit en conditions optimales : beaucoup de bois, avec une circulation d’air ouverte au maximum, afin de créer une combustion hyper efficace. Dans la réalité d’un habitat, si la combustion est effectuée de cette façon, la surchauffe du bâtiment sera quasi immédiate!
Les occupants seront donc naturellement amenés à réduire le taux de combustion, ce qui veut dire que l’efficacité de ce type d’appareil descendra drastiquement. Ainsi, le pourcentage d’efficacité vanté sur l’étiquette publicitaire n’est pas toujours représentatif de la réalité d’utilisation de l’appareil.
De plus, la norme qui est utilisée par l’EPA n’est pas une valeur réglementée. Qu’est-ce que cela veut dire?
Il existe une façon européenne et une façon américaine de calculer l’efficacité d’un appareil. Les fabricants utilisent parfois les valeurs de mesure d’efficacité européennes, offrant des résultats 10 à 15 % supérieurs!
Il s’agit d’être vigilant et de faire ses recherches, afin que la valeur réelle de performance de son poêle à combustion lente ne soit pas de 10 à 15 % inférieure à ce qui est annoncé par le vendeur ou le fabricant!
Si vous souhaitez en savoir beaucoup plus sur ces différents systèmes de chauffage au bois, et les façons d’intégrer ces appareils à votre projet d’habitat écologique, vous pouvez vous référer au Certificat en Design de Bâtiment Écologique.