Choisir une toiture écologique et des fenêtres performantes

Éco-entrepreneur d’expérience et formateur chevronné, Benoît Lavigueur partage, dans sa présentation au Certificat en Design de Bâtiment Écologique de Solution ERA, des conseils judicieux quant au choix d’une toiture écologique et durable ainsi que d’une fenestration efficace pour un projet de construction ou de rénovation écologique de bâtiment.

Toiture écologique : bardeaux d’asphalte ou toiture métallique?

La durée de vie des matériaux

Au Québec, 95% des toitures sont composées de bardeaux d’asphalte, qui offrent une durée de vie de seulement vingt ans. Comme le souligne Benoît, il ne faut surtout pas se fier aux publicités mensongères des fournisseurs qui prétendent produire des bardeaux ayant une durée de vie de trente à cinquante ans. Son expérience dans le domaine de la construction lui permet d’affirmer qu’un bardeau d’asphalte ne peut assurer un rendement viable au-delà de vingt ans.
D’un autre côté, une toiture métallique offre une durée de vie moyenne d’environ soixante ans. On trouve sur le marché une variété de modèles dont certains offrent même une pérennité qui s’étend au-delà des soixante ans.

Une plus longue durée de vie réduit la production de déchets

Le problème majeur avec les bardeaux d’asphalte tient dans le fait qu’en plus d’avoir une durée de vie réduite, ils ne sont pas recyclables et génèrent une quantité importante de déchets au moment de leur remplacement tous les vingt ans. Si toutes les retailles et les coupes de bardeaux asphaltés aboutissent directement dans le conteneur à déchets, celles des toitures métalliques peuvent être recyclées indéfiniment.
Pour une même période de soixante ans, un habitat équipé d’une toiture de tôle ne générera que du métal recyclable. De l’autre côté, un bâtiment à bardeaux d’asphalte enverra au conteneur l’équivalent de trois toitures en termes de déchets, puisque sa durée de vie n’est que de vingt ans.

La toiture métallique : un choix stratégique pour une toiture écologique

Choisir une toiture métallique constitue un investissement à long terme, autant sur le plan financier qu’écologique. En effet, celle-ci est un peu plus coûteuse au moment de l’achat initial, mais elle vous reviendra inévitablement moins cher sur le long terme, grâce à sa durabilité trois fois plus élevée que celle des bardeaux. Il s’agit d’investir de façon stratégique par le biais d’une vision à plus long terme.
Comme nous l’avons vu plus haut, cet investissement vous permettra de générer beaucoup moins de déchets et d’accomplir un geste important pour l’environnement. Il vous fera également économiser du temps et de l’énergie grâce à l’installation d’une seule toiture plutôt que trois sur une période de soixante ans.

Choisir le matériau approprié au plan de conception

Il est important de souligner que si la toiture métallique offre de plus grands avantages que celle en bardeaux d’asphalte, elle a toutefois un petit défaut. Le métal permet moins de flexibilité et demande plus de travail pour s’adapter à des conceptions plus complexes.
Si le métal est parfaitement adapté à une toiture au style dépouillé (toiture en pente simple ou double), il représente un plus grand défi technique et un investissement financier plus important dans le cas de toitures complexes qui accueillent un grand nombre de noues – la ligne de rencontre de deux pans de toiture formant un angle rentrant –, tels des pignons, des tourelles et autres détails décoratifs multiples.
Le surplus d’investissement lié à une telle conception peut s’élever jusqu’ à 5 000$ ou même 7 000$ de plus, selon la fertilité de votre imagination à l’étape de conception! La grande mode des toitures complexes et décoratives au Québec est d’ailleurs responsable du si faible taux d’usage de toitures métalliques, pourtant plus viables pour l’environnement.
Les multiples projets écologiques de constructions neuves ou de rénovations auxquels a contribué Benoît par le biais de son entreprise Belvedair lui permettent de noter qu’actuellement, une grande quantité de projets de plus petits habitats ou avec des budgets réduits tendent à prioriser une toiture métallique, même si elle représente un plus grand investissement (environ 1 000$ de plus pour une toiture métallique de forme simple).
La conception a donc une influence importante sur le choix des matériaux. Si vous souhaitez utiliser la tôle pour votre toiture écologique et durable, il est nécessaire de vous assurer que le plan de cette dernière ne soit pas trop complexe, car le projet pourrait devenir irréalisable, soit pour des raisons de budget, soit pour des questions de réalisation technique.

C’est dans cette optique que Benoît et les autres formateurs de Solution ERA insistent sur l’importance d’identifier, le plus tôt possible, le maximum d’éléments que vous considérez comme essentiels à votre projet.
De cette façon, vous serez rapidement et, dès le début, en mesure de vous ajuster avant d’aller trop loin dans la conception des plans de votre construction neuve ou de vos rénovations. Vous pourrez aisément les ajuster en conséquence et conserver une flexibilité dans votre design.

Des fenêtres écologiques et performantes

Le triple vitrage : une solution idéale

Tel que mentionné dans le blogue « Quel type de fenêtres choisir? », l’expérience de Benoît l’amène à affirmer qu’à l’heure actuelle, les fenêtres à triple vitrage constituent la meilleure option pour nos types de climats. Peu importe la forme que prend votre projet, il s’agit aujourd’hui d’un choix simplement logique, rentable et accessible. Depuis 2012, l’entreprise de Benoît équipe tous les habitats écologiques de fenêtres à triple vitrage. Pourquoi?
La raison est logique. Comme le souligne judicieusement Benoît, il est inutile d’isoler les murs de l’habitat avec un facteur d’isolation de R40, si le vitrage de la fenêtre n’offre de son côté qu’un facteur isolant de R2 ou R3! Cela porte inévitablement la chaleur de l’habitat à s’échapper vers l’extérieur et l’air froid à entrer par le vitrage peu isolé.
Si vous avez opté pour un projet écologique qui intègre un design solaire passif, votre bâtiment sera constitué d’une large fenestration en façade sud. Il est essentiel que la chaleur accumulée dans l’habitat ne s’échappe pas par un vitrage abondant à faible valeur de résistance thermique, c’est-à-dire faiblement isolé.
Selon Benoît, en matière d’investissement pour l’isolation globale du bâtiment – ce qui inclut les murs et la fenestration –, il est nettement préférable d’opter pour une isolation des murs de R30 et un triple vitrage (qui donne un facteur d’isolation d’environ R7-R8), plutôt que d’isoler les murs à R40 avec un double vitrage au facteur isolant inférieur à R7. Ce qui est visé dans l’habitat est l’obtention de la meilleure moyenne d’isolation possible.

Les cadres de fenêtre en PVC : une solution écologique?

Le marché offre plusieurs options quant au cadrage des fenêtres : bois, aluminium, fibre de verre et PVC. Benoît et son entreprise ont basé leur choix de cadrage pour les projets de constructions écologiques sur une étude effectuée aux États-Unis par le conseil du développement durable.
Ce dernier avait commandé une étude sur l’analyse des cycles de vie et l’impact écologique de tous les types de cadres de fenêtre. Cette étude devait évaluer à la fois ces impacts lors de l’étape de fabrication des fenêtres, pendant leur utilisation (en contexte du bâtiment) et pour la phase d’enfouissement ou de recyclage en fin de vie. Quelles ont été les conclusions de cette étude?
Aussi étonnant que cela puisse sembler, la fenêtre la plus écologique selon l’analyse de cycle de vie est une fenêtre avec un cadrage de PVC! Comment cela s’explique-t-il?
La fenêtre au cadre de bois est la plus écologique sur le plan du matériau, mais elle est cependant la moins durable et la moins performante de toutes. À long terme, de par ce bas niveau de durabilité, mais surtout de performance, elle se fait rattraper par toutes les autres.
De plus, ses nombreux avantages (résistante à l’humidité, aux insectes, à la corrosion, isolante et demandant peu d’entretien) sont terni par ses inconvénients plutôt importants : non seulement la couleur peut ternir et le matériau se courber lors de grands écarts de température, mais le PVC, lorsqu’exposé aux rayons UV, se décompose lentement en libérant de fines particules dans l’air pouvant être inhalées par les habitants. Si on parle santé, c’est loin d’être le matériau idéal.

D’un autre côté, le cadrage en fibre de verre et celui en aluminium constituent des options assez peu écologiques malgré leur durabilité, puisque la production ou l’obtention de ces matériaux exige un haut taux d’énergies grises, et donc un impact environnemental important.
Si l’aluminium, en tant que matériau, a pour avantage d’être recyclable, aucune entreprise ne recycle des fenêtres en aluminium car le vitrage, le coupe-froid de la fenêtre et le mécanisme ne le sont pas. Pour recycler l’aluminium d’une fenêtre, il faudrait entièrement la démonter, un service qui n’est offert par aucune entreprise à l’heure actuelle.
De son côté, le PVC n’est pas plus écologique que la fibre de verre ou l’aluminium, dû au taux élevé d’énergie grise que sa production encourt. De plus, tout comme les cadrages en aluminium, si le PVC lui-même est recyclable, aucune entreprise n’offre un service de démontage de fenêtres en PVC afin de séparer le vitrage du coupe-froid, du mécanisme et du cadrage qui, lui seul, pourrait être recyclé.
Ce qui différencie le cadrage en PVC des autres est sa grande performance sur le plan énergétique. C’est ce qui lui offre une longueur d’avance par le biais d’une moins grande empreinte écologique due à une réduction importante des pertes énergétiques (chauffage) dans l’habitat.
Toutefois, le PVC présente un défi en lien avec les différentes gammes de qualité dans lequel on le retrouve. Tel que mentionné précédemment, une fenêtre avec un cadre en PVC de basse ou moyenne qualité tendra à jaunir ou à se tordre. Cette dernière caractéristique aura un impact direct sur son étanchéité et donc sur sa performance.

Seuls les modèles haut de gamme sont en quelque sorte « écologiques », car ils permettent une plus grande durabilité et performance. Toutefois, comme la toiture écologique métallique, ils représentent un investissement stratégique qui intègre une vision à plus long terme. À l’heure actuelle, dans les projets d’habitat certifiés PassivHaus, qui exigent le plus haut niveau de performance pour la fenestration, on ne retrouve pratiquement que des fenêtres en PVC.

Penser stratégiquement à long terme

Comme vous pouvez le noter, il n’existe pas à l’heure actuelle de solutions idéales ou parfaitement écologiques. Il s’agit avant tout de s’informer pour bien comprendre quels sont les impacts à court, moyen et long terme dans les choix de conceptions de l’habitat, que ce soit pour une construction neuve ou une rénovation écologique.
Ce qui ressort des présentations offertes par tous les experts formateurs qui collaborent avec Solution ERA, est qu’un design qui s’inscrit dans une vision à plus long terme tend à prioriser des investissements stratégiques.
L’achat de matériaux et de systèmes de plus grande qualité, ou offrant une plus grande durabilité ou niveau de la performance, permet de bénéficier à long terme d’économies financières ou en temps. Ces achats stratégiques permettent également d’avoir un impact plus viable sur l’environnement, soit par une plus faible consommation énergétique, soit par l’usage de matériaux ou de systèmes plus durables et efficaces, idéalement écologiques.