Bien qu’on en favorise une utilisation stratégiquement et très modérée, vous aurez ici l’occasion d’en découvrir un plus sur les différents types d’isolants thermiques pétrochimiques en faisant la comparaison de leurs avantages et de leurs inconvénients respectifs.
Choix d'isolants thermiques pour les murs

Pourquoi faire usage d’isolants thermiques à composition pétrochimique en contexte écologique?

Même dans une approche verte, certains matériaux isolants moins « naturels » sont parfois incontournables dans certaines situations et zones spécifiques de l’habitat où un matériau biodégradable, moins performant ou pas assez étanche, ne permettrait pas une pérennité du bâtiment. Les matériaux de composition pétrochimique sont à utiliser avec parcimonie et dans des contextes bien particuliers, tels que :

  • L’isolation sous la dalle de fondation (un matériau biodégradable pourrira en contact direct avec le sol).
  • L’isolation ultra étanche des ponts thermiques ou de diverses jonctions ou ouvertures (fenêtres, sorties de sèche-linge, solive de rive, etc.).
  • L’isolation de l’enveloppe extérieure du bâtiment, car le matériau biodégradable (sauf pour le béton de chanvre recouvert de chaux) pourrira en contact direct avec les intempéries extérieures.

De plus, notez que pour former un bloc d’isolant d’un mètre carré, cela ne prend qu’une infime partie de plastique. Il y a actuellement des sphères de l’activité humaine qui sont porteuses de beaucoup plus de pollution, comme le rappelle Frédéric Wiper, cofondateur de Solution ERA.
Wiper souligne également un point important en ce qui a trait à l’aspect sain des matériaux isolants écologiques versus ceux de composition pétrochimique. Il mentionne que même s’il est fondamental de faire usage d’isolants thermiques les plus sains possible pour les occupants de l’habitat, la santé de ces derniers est davantage affectée par les matériaux avec lesquels ils sont en contact direct et en continu dans le bâtiment (COV dans les produits domestiques, peintures, literie, retardateurs de flammes et formaldéhydes dans l’ameublement, etc.).
Il ajoute que ces contacts constants et directs avec les COV et les champs électromagnétiques sont beaucoup plus nocifs pour la santé humaine que quelques particules pétrochimiques se trouvant dans la composition de matériaux isolants utilisés en faible quantité et installés dans les murs (avec lesquels les occupants n’ont qu’un contact indirect).
Un autre point à mentionner est la lourde empreinte écologique de certains matériaux de composition pétrochimique, qui encourent une forte dépense en énergies grises pour leur production. Or, un matériau, même naturel – comme la laine de roche ou la fibre de verre – peut également exiger une lourde charge d’énergie grise pour sa production.
Cependant, les isolants thermiques de composition pétrochimique tendent à générer une plus grande empreinte écologique. C’est une raison de plus d’en faire un usage ultra stratégique, pour des zones et fonctions bien particulières de l’habitat, afin qu’ils annulent ou amenuisent leur empreinte carbone par le biais :

  • D’une plus grande pérennité du bâtiment (évitant le gaspillage de matériaux lors de rénovations dues à une étanchéité et une isolation inefficaces du bâtiment).
  • D’une baisse drastique des dépenses énergétiques grâce à une étanchéité et à une isolation plus efficace du bâtiment. Ces avantages auront un impact positif sur les finances des occupants et sur l’environnement en faisant usage de moins d’énergies non renouvelables.

Le portrait qui sera présenté ici des différents matériaux de composition pétrochimique ne se prétend pas exhaustif, mais a pour objectif de guider votre réflexion quant à des choix d’isolants pour un projet de construction ou de rénovation.
Les présentations offertes par les formateurs chevronnés du Certificat en Design de Bâtiment Écologique de Solution ERA permettent d’en savoir beaucoup plus sur cette thématique incontournable de la qualité et de la performance d’un bâtiment.
Faire une décision éclairée quand au choix des différents isolants thermiques pétrochimiques

Isolation avec le polystyrène expansé

Composition
Ne pas confondre le polystyrène expansé et le polystyrène extrudé! Les différentes couleurs proposées pour ces matériaux sont liées aux spécificités des fabricants et n’ont rien à voir avec la nature de leur structure. Pour les reconnaître : la version expansée prend la forme de petites billes, alors que la version extrudée offre une coupe plus dense et plus franche.
La version expansée, qu’on appelle plus communément le « styrofoam », est constituée de billes de plastique gonflées d’air (expansées). Sa valeur de résistance thermique est de R4 par pouce.
Avantages

  • Il est idéal, disposé sous la forme de panneaux isolants sous la dalle de fondation ou pour isoler une enveloppe de bâtiment, car non biodégradable (comme le sont certains matériaux plus naturels (cellulose, chanvre, paille, etc.). Il agit en plus comme un pare-air, qui permet la perspiration sans laisser entrer l’air comme tel.
  • Il est également recyclable depuis longtemps en Ontario et depuis plus récemment au Québec. Par exemple, l’usine Polyform de Granby récupère vos restes de polystyrène expansé à des fins de recyclage.
  • Parmi les panneaux à base de plastique, qui sont très peu respectueux de l’environnement, il s’agit de l’isolant qui est tout de même le plus écologique et intéressant car il est également moins nocif pour la santé des occupants que son cousin le polystyrène extrudé.

Inconvénients

  • Le ratio d’énergie grise pour le produire est trente fois plus élevé que celui de la cellulose, avec 92 250 BTU (unités d’énergie) pour la fabrication d’un pied carré d’isolant à facteur d’isolation R43.
  • Il est à éviter dans l’isolation de vos murs car, comme le polystyrène extrudé, il est très inflammable.

Isolation avec le polystyrène extrudé

Composition
La version extrudée est plus condensée et dense que l’expansée et elle est soufflée avec un gaz toxique qui lui permet d’offrir une valeur de résistance thermique de R5 au pouce, au lieu de R4 (version expansée). Toutefois, ce gaz s’échappe inévitablement dans les deux premières années de la production du matériau et pollue fortement l’atmosphère.
Avantages

  • Il permet d’agir comme pare-vapeur (qui empêche toute circulation d’air et de perspiration). Toutefois, si vous tenez à installer un pare-vapeur, priorisez plutôt l’usage d’un polythène (pellicule plastique) plutôt que d’un polystyrène extrudé (plus coûteux et plus polluant).

Inconvénients

  • Sur le plan écologique, il constitue un isolant à bannir : autant pour le niveau d’énergie grise encouru pour sa production (plus encore que la version expansée) que pour les gaz toxiques qu’il relâche dans l’atmosphère.
  • Il est plus coûteux et plus toxique que la version expansée et perdra un degré de valeur de résistance thermique (R1) sur les deux premières années.
  • Il est à éviter dans l’isolation de vos murs car, comme la version expansée, il est très inflammable.
  • Il n’y a aucune raison valable, à l’heure actuelle, d’utiliser la version extrudée du polystyrène car la version expansée est assez solide pour servir d’isolant sous la dalle de béton ou pour l’isolation de l’enveloppe du bâtiment.

    Benoît Lavigueur rappelle qu’il s’agit d’une inquiétude injustifiée de la part de certains entrepreneurs qui utilisent encore ce matériau. Si on choisit adéquatement la densité de polystyrène expansé nécessaire, celui-ci sera assez solide pour remplir ses fonctions de façon fiable.

Isolation avec le polyisocyanurate

Composition
Il s’agit d’un type de plastique gonflé de gaz qui est souvent recouvert d’une pellicule d’aluminium pour former des panneaux. Il offre une valeur de résistance thermique de R6 au pouce. Cette grande valeur de résistance thermique est due au fait que les capsules qui le constituent sont remplies d’un gaz et non d’air.
Toutefois, lorsque la température chute, ce gaz tend à se condenser et le matériau devient alors conducteur de chaleur. Le polyisocyanurate perd alors nettement de sa grande efficacité pour atteindre celle du polystyrène expansé (R3). C’est une caractéristique hors norme pour un isolant.
Avantages

  • S’il est disposé dans la zone intérieure de l’habitat (où il ne risque pas de voir sa valeur de résistance thermique chuter avec le froid), il est plus performant que tous les autres matériaux. C’est ce qu’a utilisé Benoît Lavigueur pour son projet de chalet modèle Missisquoi certifié PassivHaus.
  • Avec sa haute valeur de résistance thermique, il constitue un matériau d’isolation très performant, surtout dans des contextes où l’espace à isoler est restreint. Il peut être une option intéressante pour l’isolation des mini maisons ou des roulottes.
  • La pellicule d’aluminium qui recouvre les panneaux sert de pare-vapeur, coupant ainsi l’intrusion potentielle d’humidité dans l’isolant. De plus, celle-ci réfléchit les infrarouges et permet de garder la chaleur à l’intérieur. Elle est donc à utiliser sur la façade intérieure des murs de l’habitat.
  • Il résiste très bien au feu.

Inconvénients

  • Son empreinte écologique est forte : 73 288 BTU (unités d’énergie) pour la fabrication d’un pied carré d’isolant à facteur d’isolation R43. Elle est 24 fois plus élevée que celle de la cellulose, en plus de ne pas être le plus naturel des matériaux. Son empreinte écologique est toutefois moins élevée que celle du polystyrène expansé.
  • Il ne résiste pas au contact avec l’eau, qu’il tend à absorber telle une éponge, devenant ainsi totalement inefficace.
  • Dû à sa perte de valeur de résistance thermique en températures froides, il n’est pas à conseiller dans un contexte de contact direct avec l’extérieur du bâtiment (surtout dans des régions nordiques, comme au Québec). À éviter, donc, pour l’isolation de l’enveloppe de l’habitat.

Isolation avec le l’uréthane giclé

Usages de l'uréthane parmi les isolants thermiques pétrochimiques
Composition
Le polyuréthane, qui est giclé sous forme de mousse, est composé de soya dans un très faible pourcentage, ce qui ne le rend donc pas plus « écologique » pour autant, comme le souligne Benoît Lavigueur. Sa valeur de résistance thermique est de R6 au pouce, ce qui est très performant. Lorsqu’il atteint une épaisseur de deux pouces, il offre les propriétés d’un pare-vapeur.
Avantages

  • Sa force tient dans le fait qu’il est giclé autour des sections désirées afin de sceller, de façon extrêmement efficace et étanche, des jonctions ou ouvertures vers l’extérieur de l’habitat (fenêtres, sorties de sèche-linge, etc.). Il moule et étanchéifie littéralement l’ouverture, peu importe sa taille.

    Kate Alvo, formatrice pour Solution ERA, a bâti une maison très naturelle en ballots de paille et a fait usage de ce type d’isolant pour couper les ponts thermiques et épouser les formes de la solive de rive. Cette section se trouve à la jonction du mur de la fondation et du plancher de l’habitat et elle très difficile à isoler de façon naturelle.

Inconvénients

  • S’il est giclé sur une épaisseur de deux pouces, il devient pare-vapeur. C’est à éviter sur la façade extérieure puisque cela empêche l’humidité éventuelle de quitter le mur et peut y générer de la condensation. L’idéal consiste à poser un pare-vapeur sur la façade intérieure du mur de l’habitat et de s’assurer d’avoir un mur extérieur qui perspire.
  • Il s’agit de l’isolant qui génère le plus haut ratio d’énergies grises pour sa production. Il est à utiliser en dernier recours pour des sections très spécifiques de l’isolation de la maison.
  • Il est dispendieux.
  • Il ne tolère pas bien le contact à l’eau car il l’emprisonne, ce qui génère des problèmes de pourriture non visible de l’extérieur (contrairement au chanvre qui démontre un cerne visible).

Usage restreint et vigilance quant aux pratiques d’écoblanchiment des fabricants

Comme vous l’avez saisi, les isolants thermiques pétrochimiques sont à utiliser stratégiquement et de façon très modérée, dans des contextes et des sections très spécifiques du bâtiment.
Benoît Lavigueur et Frédéric Wiper nous rappellent à la vigilance quant aux techniques habiles de marketing « vert » des fabricants! L’écoblanchiment (greenwashing) est un phénomène en croissance dans l’industrie, qui se voit demander de plus en plus des produits « sains » et « écologiques ».
Le défi consiste à trouver l’information la plus juste qui soit plutôt que de ne se fier qu’à une publicité tapageuse. L’information exacte est très difficile à obtenir de la part des fournisseurs. Dans un salon de l’habitation, chaque kiosque prétend être le meilleur ou le plus écologique! D’où l’importance des formations qui offrent un point de vue indépendant sur les matériaux, basé sur l’expérience d’écoentrepreneurs et de formateurs chevronnés et neutres.