Le Living Building Challenge est une certification de très haut niveau dans le domaine de la construction écologique. Elle s’appuie non seulement sur la haute performance du bâtiment, mais également sur l’ensemble du mode de vie de ses habitants, afin d’annuler entièrement leur empreinte écologique et d’avoir même un impact positif sur l’environnement!
Le Living Building Challenge, une certification rigoureuse
À ce jour, le Living Building Challenge est la certification de plus haut niveau et la plus rigoureuse, en ce qui a trait aux standards de haute-performance pour les bâtiments écologiques.
Pour en savoir plus sur le concept, lisez notre article sur la maison haute performance. Il est important de préciser, toutefois, que cette certification dépasse, en rigueur et en impact écologique positif, la certification PassivHaus – liée aux maisons dites haute-performance –, puisque le critère d’utilisation de matériaux sains et naturels est exigé.
Dans son approche, elle peut être davantage comparée au mouvement des maisons dites « carbone neutre » (insérer le lien de blogue 11 s’il est publié), mais encore une fois, avec des standards extrêmement plus rigoureux, qui surpassent ceux de la certification Leed.
En quoi est-elle supérieure aux autres certifications?
Il s’agit d’un cadre de conception de l’habitat qui se veut régénératif pour l’environnement, puisqu’il a pour but de créer un impact positif sur les humains, les communautés et la nature avec lesquels ils interagissent et se connectent concrètement.
Le bâtiment se doit d’être entièrement autonome en énergie et doit s’assurer que sa consommation demeure dans les limites des ressources disponibles sur le site où il se trouve, en plus de produire plus d’énergie qu’il n’en consomme (105 %)!
Toute l’eau utilisée sur le site se doit d’être non seulement obtenue, mais également traitée in situ, sans aucun produit chimique et doit se retrouver, en fin de cycle, aussi propre, ou plus encore, que lorsqu’elle a été récoltée.
En plus d’être entièrement construit de matériaux sains et naturels, le bâtiment se doit de posséder une certaine esthétique et d’être en harmonie visuelle avec son environnement.
La taille des projets peut varier grandement. Il peut s’agir d’habitations unifamiliales jusqu’à de larges espaces commerciaux, en passant par des lieux de travail de taille moyenne.
Les sept pétales de la certification
À l’instar d’une fleur – et de ses pétales –, le projet de construction redonne à son environnement plus qu’il ne consomme. Non seulement le bâtiment et ses occupants ne nuisent pas à l’environnement immédiat et global, mais ils contribuent concrètement à son mieux-être!
Le design exigé par cette certification repose sur sept éléments fondamentaux qui, suivant la métaphore de la fleur, se présentent sous la forme de sept pétales, ou sections, permettant l’harmonie intégrative de l’ensemble du projet.
Au sein des sept pétales, on retrouve également vingt points impératifs à respecter, et auxquels les futurs constructeurs ne pourront déroger s’ils souhaitent obtenir cette certification.
Il est possible de se référer au site Web de l’International Living Future Institute afin d’obtenir de plus amples informations sur cette certification et sur les différentes sections qui la constituent. Elles seront brièvement présentées dans les sept points suivants.
Pétale 1 : le lieu
L’objectif premier consiste à créer une symbiose entre l’habitat, les habitants et leur environnement, en établissant une relation saine avec la nature.
Les points impératifs :
- Limiter la croissance du bâtiment : à des environnements qui ne risquent pas de nuire à des zones sensibles sur le plan écologique (faune, flore, sol, etc.).
- L’agriculture urbaine : pour intégrer des initiatives d’agriculture qui soient appropriées à la taille du projet et à sa densité de population.
- Échange d’habitat : en s’assurant que pour chaque hectare développé dans le projet de construction, un hectare de terrain situé à l’extérieur du site (habitat pour d’autres formes de vie végétale ou animale) soit protégé et géré par le Living Future Habitat Exchange Program.
- Style de vie priorisant l’énergie humaine : c’est-à-dire la marche, la bicyclette, les escaliers (plutôt que les ascenseurs), le transport en commun, les véhicules électriques et le covoiturage, afin de minimiser les carburants non renouvelables et encourager un mode vie plus sain et actif.
Pétale 2 : l’eau
La certification exige de concevoir des projets qui opèrent harmonieusement avec l’équilibre des ressources en eau disponibles sur le site, ainsi qu’avec le climat qui le caractérise (climat pluvieux ou désertique, etc.).
Cela consiste soit à prioriser la récupération des eaux de pluie ou de faire usage de l’eau disponible directement sur le site (nappes phréatiques), et de gérer entièrement son cycle d’utilisation (de la filtration sans produits chimiques à la récupération des eaux grises et noires).
Le point impératif :
- Statut net-positif en eau : permet non seulement que la consommation d’eau n’excède pas la quantité disponible sur le site, mais qu’elle soit, en plus, retournée au sol aussi propre, ou sinon plus, qu’au moment de sa captation.
Pétale 3 : l’énergie
Le bâtiment doit pouvoir être entièrement autonome en énergie grâce au rayonnement solaire et à un design stratégique des espaces de vie (design solaire passif, panneaux solaires, design bioclimatique, etc.).
Le point impératif :
- Statut net-positif en énergie : implique que 105 % des besoins en énergie du projet doivent être générés in situ avec des énergies renouvelables, sans aucune combustion ou énergie nucléaire. Le site doit également être autonome et résilient en énergie grâce à des systèmes de réserves.
Pétale 4 : la santé et l’épanouissement
L’objectif consiste à créer des environnements de vie qui optimisent la santé physique, psychique et le bien-être de leurs occupants et de l’environnement.
Les points impératifs :
- Environnement « civilisé » ou adéquat : dans lequel chaque espace du bâtiment qui est occupé de façon régulière doit contenir une fenêtre ouvrable, permettant l’accès à de l’air frais et à de la lumière naturelle.
- Environnement intérieur sain : qui exclut toute fumée et composés organiques volatils (COV), en plus d’un contrôle adéquat de l’air dans chacune des pièces de l’habitat, etc.
- Environnement biophilique : qui promeut la relation innée et harmonieuse entre l’humain et la nature, par l’inclusion de formes naturelles dans le design du bâtiment, et le contact direct des habitants avec les zones extérieures (jardin et nature), etc.
Pétale 5 : les matériaux et produits
La certification exige de faire usage de matériaux 100 % naturels (pour l’ensemble de l’habitat) et de faire uniquement usage de produits qui sont sains pour toutes les espèces, à court et à long terme.
Les points impératifs :
- La liste rouge : consiste en une liste exhaustive de produits polluants ou malsains pour la santé, qui sont formellement interdits pour la construction et l’usage quotidien au sein de l’habitat. Entre autres : le chrome, le mercure, le plomb, le cadmium, les phtalates, etc.
- Empreinte carbone et énergie grise : (c’est-à-dire la production de dioxyde de carbone : CO2) des bâtiments, de l’énergie grise portée par les matériaux et celle produite par les résidents, se doit d’être méticuleusement calculée.
- Industries responsables : se doivent d’être privilégiées. Les matériaux bruts de construction permis par la certification sont : la pierre, le métal et le bois. Ceux-ci doivent répondre à des standards indépendants en tant que ressources renouvelables et produites dans un contexte équitable.
- Ressources économiques locales : doivent toujours être privilégiées, que ce soit sur le plan des matériaux autant que sur le plan des services utilisés. Le projet se doit de contribuer à l’expansion économique locale et régionale par le biais d’actions, de la création de produits ou de services axés sur le développement durable.
- Statut net-positif en déchets : consiste à utiliser un maximum de matériaux recyclés afin de réduire l’énergie grise portée par les matériaux neufs. Le projet doit s’assurer de disposer de ses déchets durant toute sa durée de vie, d’une façon qui ne nuira pas à l’environnement et qui pourront être recyclés, récupérés, compostés ou biodégradés.
Pétale 6 : l’équité
L’objectif consiste à s’assurer de créer un projet qui soutient un monde juste et équitable.
Les points impératifs :
- Projet humain et à taille humaine : qui doit respecter certaines dimensions, afin d’assurer un espace commun équitablement respecté : taille de l’habitat, taille du terrain, distance par rapport au voisinage et au reste de la communauté.
- Accès universel à la nature et à l’espace : doit faire partie intégrante de la conception du projet. Il doit permettre l’accès à toute personne, sur certains emplacements désignés, afin de bénéficier d’air frais, d’ensoleillement et d’un point d’eau.
- Investissement équitable : est un incontournable du projet, qui doit s’assurer de contribuer monétairement au bien de tous. Pour chaque dollar déboursé pour le développement du site, un demi-cent devra être versé à une œuvre de charité de son choix.
- Organisations justes : doivent être promues par le projet, ainsi que des pratiques et organismes commerciaux qui soutiennent une vie future plus responsable, équitable et avec des pratiques transparentes.
Pétale 7 : la beauté
Le design de la construction se doit d’élever l’esprit humain et de répondre à une certaine esthétique en harmonie avec son environnement.
Les points impératifs :
- Beauté et esprit : se doivent d’être intégrées intentionnellement sous la forme d’art public et d’éléments de design, qui ont pour intention l’esthétisme, la culture et l’esprit, intégrés harmonieusement à la fonction du bâtiment.
- Inspiration et éducation : font partie intégrante du projet, puisque les étapes de conception, construction et les opérations liées au développement du bâtiment, doivent être partagées ouvertement au public. Cela favorise les échanges de solutions, le développement et l’apprentissage (par ex. un rapport publié ou un site Web qui présente les étapes du projet).
Qui chapeaute cette certification?
L’International Living Future Institute est un regroupement à but non lucratif qui œuvre à créer un monde pour tous avec une vision plus écologique et régénératrice de notre environnement.
En se basant sur des principes de justice sociale et environnementale, l’ILFI cherche à contrer le changement climatique et la dépendance aux énergies fossiles. En plus d’octroyer la certification Living Building Challenge, elle développe d’autres programmes dans cette optique.
L’immense défi des bâtiments vivants : une source d’inspiration
Pour certains, l’engagement dans un tel projet de construction écologique, qui a pour objectif la certification qui vient d’être décrite, peut sembler utopiste ou irréalisable. Il est à noter, toutefois, qu’un grand nombre de ces bâtiments ont été concrètement réalisés et certifiés dans le monde. Donc, le défi est grand… mais pas impossible!
Toutefois, il peut être également utilisé comme une direction à suivre, plus qu’une destination finale à atteindre, puisqu’un grand nombre des éléments décrits plus haut, peuvent être aisément intégrés à une échelle plus ou moins rigoureuse selon ses valeurs, son budget, ses disponibilités et ses désirs.
La certification n’est en aucun cas obligatoire et il est possible de simplement incorporer différents éléments retrouvés dans les pétales, afin de s’inspirer dans la conception et le design de son propre bâtiment écologique.
La certification Living Building Challenge pose les échelons vers un futur idéal à atteindre, sur le plan de la construction écologique, et permet de penser à une échelle plus grande et dans une optique à long terme, pour le bien de tous et de l’environnement. À chacun d’intégrer cette vision à la mesure de ses désirs et de ses capacités!
Merci Christine pour ce partage 🙏
Très instructif 🙂
J’ai posté sur le gp Fbk une photo du «Domaine de Chambrille», à côté de La Mothe Saint-Héray et de la forêt de l’Hermitain (79).
Bonne découverte !
À bientôt,
Patricia