L’autonomie en eau dans l’habitat (par la récupération d’eau de pluie par exemple) permet d’être résilient face aux pannes, de consommer une eau de très haute qualité en plus de la redonner à la nature sous une forme purifiée. C’est une façon de régénérer le cycle de cette ressource précieuse, ainsi que notre environnement.

Le cycle de l’eau et les enjeux écologiques

La planète offre naturellement un système de purification de l’eau d’une grande simplicité et d’une incomparable efficacité. Toutefois, l’activité humaine est peu à peu en train de perturber ce mécanisme, au péril de notre propre avenir.
Cependant, il est possible de contribuer à sa régénération grâce à une gestion efficace de sa consommation d’eau par le biais de l’habitat, en plus de s’offrir une autonomie complète ou partielle, et donc un fort degré de résilience, par rapport à cette ressource précieuse et essentielle à la vie.

Le blogue Le cycle de l’eau et sa gestion efficace permet de saisir clairement le cycle naturel de la purification de l’eau ainsi que les enjeux écologiques qui sont intimement liés à sa gestion actuelle.
Mais comment rétablir le cycle de purification de l’eau par l’habitat?
L’objectif consiste à s’intégrer à nouveau, en tant qu’espèce et individu, dans le cycle naturel de l’eau de façon harmonieuse, en faisant usage de cette précieuse ressource avec parcimonie. Il s’agit de la rendre au sol aussi pure – si ce n’est plus – qu’elle a été récoltée, et ce grâce à son habitat et à ses pratiques conscientes!

Les méthodes de captation de l’eau

Voici les étapes pour maximiser cette ressource et en faire une gestion efficace, depuis sa captation jusqu’à ce qu’elle soit retournée au sol en passant par sa filtration, sa consommation et son usage.

La récupération d’eau de pluie et l’entreposage de l’eau

La récupération d’eau de pluie est l’option de résilience en eau qui permet le plus de contrôle sur sa qualité et un plus grand degré d’autonomie. Ainsi, une fois récoltée sur le toit, elle est acheminée par des gouttières à des citernes extérieures (en chambre froide et sombre pour une excellente conservation : voir les zones tampons en face Nord du design bioclimatique) ou sous la terre.
Pour ceux qui se demandent quel type de toiture serait à privilégier pour ce type de récolte, la tôle galvanisée et l’ardoise peuvent être des solutions adéquates. Toutefois, le processus ultérieur rigoureux de filtration permettra de contourner tout risque de contamination de l’eau par de potentiels métaux lourds provenant des autres revêtements.
Récupération d'eau de pluie par le toit Solution ERA
Stéphane Bochard, grand spécialiste du domaine et formateur chez Solution ERA, se passionne pour la plomberie et les systèmes de gestion de l’eau. Il dirige également H2OECO, une entreprise qui a pour objectif de rendre plus accessible la gestion et la récupération de l’eau de pluie afin de concevoir des habitats autonomes en eau. C’est lui qui enseigne ces techniques dans le cadre du Certificat.

L’utilisation de l’eau provenant d’un puits artésien

L’utilisation de l’eau provenant d’un puits artésien peut permettre un certain degré d’autonomie, mais offre moins de contrôle sur la qualité de l’eau, étant donné les risques de contamination des nappes phréatiques par des eaux polluées résultant de l’action des dynamitages potentiels aux alentours.
De plus, contrairement à la récolte de l’eau de pluie, l’utilisation d’un puits implique une ponction directe et constante (qui est nettement plus rapide que son temps de purification), ce qui tend à générer plus de pompage que d’eau pure rendue au sol.
Toutefois, si son cycle est harmonieusement géré, cela peut s’avérer une option tout à fait valable – dans la mesure où l’eau est bien filtrée.

Le branchement à l’aqueduc municipal

Le branchement à l’aqueduc municipal demeure l’option la plus simple, mais pas toujours la moins coûteuse, en fonction de la région du monde dans laquelle on réside. Ce système ne permet pas de contrôle sur la qualité de l’eau et de la tuyauterie – souvent vétuste et porteuse de métaux lourds – l’acheminant à l’habitat. De plus, il ne permet pas de résilience, puisque l’on dépend entièrement de son système en cas de panne.

Le système mixte eau de pluie / eau de puits et aqueduc

Un système mixte – eau de pluie / eau de puits et branchement à l’aqueduc municipal – peut être une option intéressante afin de conserver un certain contrôle sur la qualité de l’eau acheminée et une certaine résilience. On utilise une ressource quand elle est disponible (eau de pluie / eau de puits) en cas de panne de l’aqueduc, ou inversement (quand les précipitations se font rares).

La filtration de l’eau pour sa consommation et son usage

Dans tous les scénarios énumérés ci-haut (eau de pluie, eau de puits et branchement à l’aqueduc municipal), il est possible de s’assurer une consommation d’eau de très haute qualité par le biais d’un système de filtration d’une efficacité élevée.
En effet, l’eau recueillie est acheminée par une pompe à une série de filtres qui permettent de purifier l’eau de ses différents déchets et polluants potentiels, par ordre de taille : les particules flottantes (pollen, poussières), les métaux lourds (plomb, et autres) et finalement les résidus pharmaceutiques.
Au Québec, si ces types de filtres – qui doivent être changés périodiquement, engendrant un coût non négligeable – sont plus longs à rentabiliser financièrement, dû au faible coût de l’eau, ils n’en demeurent pas moins un investissement à long terme salutaire pour les occupants de l’habitat. De plus, ils permettent une régénération beaucoup plus efficace du cycle de l’eau.
Daniel Lépine, formateur pour Solution ERA, est spécialiste du sujet; après avoir été technicien en assainissement des eaux pour la ville de Montréal pendant plus de quinze ans est maintenant copropriétaire et fondateur de Eautec Inc., afin de conseiller et proposer au grand public des systèmes de filtration efficaces.
Pour des options de filtration d’eau moins rigoureuses et coûteuses, mais qui diminuent tout de même une portion des éléments polluants ou nocifs de l’eau provenant d’un puits artésien ou d’un branchement à l’aqueduc municipal, le système Santevia peut être une option intéressante pour les plus petits budgets, tout comme des filtres de tuyauterie standard à placer sous l’évier de la cuisine.

La répartition des eaux potables, grises et noires

Un autre élément fondamental à inclure à la conception de son système pour une consommation stratégique de l’eau dans un habitat est la possibilité de séparer les arrivées d’eau. En effet, l’eau potable peut être accessible par le biais d’un robinet réservé à cette seule fonction et dont la source d’eau aura été plus finement filtrée.
D’un autre côté, le système assurera une filtration moins rigoureuse (et moins coûteuse en filtres) des eaux qui serviront d’autres fonctions :

  • Le lavabo, le lave-linge ou la douche / bain, qui produisent ce qu’on appelle les « eaux grises »
  • L’évier de la cuisine (dont s’écoule une eau huileuse avec le nettoyage de la vaisselle) et des toilettes appelées « eaux noires ».

C’est une façon stratégique et efficace de gérer l’eau potable… et son propre investissement financier sans aucun gaspillage!

Récupération de la chaleur, des eaux grises et noires

Avant d’aborder le thème de la gestion des eaux usées, il est important de mentionner l’existence sur le marché de récupérateurs de chaleur, qui peuvent être connectés à la tuyauterie de la douche afin de transférer la chaleur de l’eau sortante à l’eau fraîche entrante, permettant ainsi de recycler des ressources énergétiques coûteuses.
Une fois que l’on a fait usage de l’eau pour différentes fonctions dans l’habitat, en produisant des eaux grises et des eaux noires, il s’agit de pouvoir la rendre au sol la plus pure possible. Comment s’y prendre?
Chauffage de l'eau Solution ERA
Les eaux grises, résultant du nettoyage des vêtements et du corps avec des produits biodégradables et non-toxiques pour l’environnement, peuvent être récupérées comme fertilisant pour les plantes en leur offrant chaleur et engrais. Nos déchets deviennent alors leurs ressources! Elles filtreront cette eau, en plus d’offrir en échange de belles plantes et de savoureux fruits et légumes! Comment cela est-il possible?
Les Earthships de Taos au Nouveau-Mexique et ceux du Québec en sont de bons exemples. Dans une serre adjacente à l’habitat, on conçoit un bassin étanche, tapissé de gravier ¾ net, afin de laisser l’eau circuler librement. On ajoute une couche de terre fertile dans laquelle on plante des végétaux (légumes et arbres à fruits).
Hélène Dubé et Benoît Deschamps, pionniers des Earthships québécois, offrent leurs précieux conseils et leur solide expérience avec ce type de système dans les formations de Solution ERA.
Pour la gestion des eaux noires, il est bien sûr possible de faire usage d’une toilette au compost qui, contrairement à certains mythes :

  • ne dégage aucune effluve désagréable dans l’habitat
  • est permise par les municipalités (même si la présence d’une fosse septique est obligatoire, sans que son usage le soit)
  • peut être très confortable, ergonomique et avoir une apparence moderne et standard

De plus, elle permet de recycler les matières récupérées afin d’offrir un compost de choix à son jardin, sa forêt nourricière, ou son aménagement paysager en permaculture extérieure.

Rendre l’eau aussi propre (ou plus) que lors de sa récolte

Si les systèmes de gestion des eaux grises ou noires présentés plus haut vous interpellent moins, il est tout à fait possible de régénérer son environnement et de purifier le cycle de l’eau de son habitat par des méthodes plus traditionnelles.
En effet, les systèmes de fosses septiques Bionest, Ecoflo, ou des roseaux épurateurs parfois utilisés en combinaison avec un champ d’épuration permettent d’effectuer une filtration de qualité, afin que les eaux les plus noires retournent à la terre encore plus propres et purifiées qu’au moment de leur captation, pour un impact net zéro positif sur le cycle de l’eau!

De simples gestes pour réduire sa consommation d’eau

L’abondance et le faible coût de l’eau au Québec sont responsables d’un retard dans l’intégration des systèmes de captation et de gestion de l’eau décrits plus haut.
Même si, pour beaucoup de gens, il ne semble pas y avoir d’intérêt économique immédiat à investir dans ce type de système, une diminution et une gestion plus efficace de notre consommation d’eau sont aujourd’hui devenues incontournables.
Cette consommation plus modérée de l’eau est déjà intégrée aux mœurs et aux habitudes de vie en Europe, où le coût de cette précieuse ressource est beaucoup plus élevé.
En attendant de faire usage des systèmes présentés plus haut, il est toutefois possible d’agir dès maintenant sur son économie en eau – que ce soit en tant que propriétaire ou locataire d’un appartement ou d’une maison – grâce à diverses solutions simples :

  • pomme de douche et robinets à bas débit
  • lave-linge frontal Energy Star
  • toilettes à réservoir 3 litres
  • ne pas laisser couler l’eau en se brossant les dents
  • prendre des douches plus courtes
  • etc.

Formations pour l’autonomie en eau

Si la liberté, la résilience, la récupération d’eau de pluie et l’autonomie en eau – tout comme en diverses ressources – sont au cœur de vos valeurs, et que vous désirez avoir un impact majeur sur l’environnement et votre santé, de plus amples informations sur ce sujet sont disponibles dans l’Introduction en design de bâtiment écologique et le Certificat en design de bâtiment écologique offerts par Solution ERA.