Un VRC mal installé ressemble plutôt à un étrangleur d’air qui peut dépressuriser une maison, aspirant la fumée d’un foyer, le radon et autres polluants dans l’aire habitable. © JEF

Jusqu’à trois appareils sur quatre seraient mal installés et aspireraient les polluants dans l’aire habitable, selon l’expert Joël Legault. 

À part les résidences homologuées Novoclimat 2.0LEED et Passivhaus qui font systématiquement l’objet d’inspections indépendantes, la vaste majorité des maisons québécoises ont encore un système de ventilation si mal installé qu’il pourrait menacer la santé de leurs occupants. « Nous n’avons pas fait d’étude scientifique, mais je n’ai aucune difficulté à dire que les trois-quarts des installations ne sont pas conformes au CCQ » [Code de construction du Québec], affirme Joël Legault, coprésident de Legault-Dubois Experts en bâtiment. Cette firme de La Prairie (Montérégie) réalise entre 6 000 et 7 000 inspections résidentielles et commerciales par année, que ce soit dans le cadre d’inspections préachat, d’expertises spécifiques, de suivi de chantiers ou encore dans le cadre des programmes gouvernementaux Rénoclimat et Novoclimat. En avril dernier, elle formait justement en matière de ventilation les inspecteurs de Garantie de construction résidentielle, l’organisme à but non lucratif indépendant qui administre le Plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs du Québec.

Zéro récupération de chaleur

D’après Joël Legault, les débits de l’amenée d’air extérieur et de l’évacuation de l’air vicié des ventilateurs récupérateurs de chaleur (VRC) installées dans les maisons neuves du Québec sont rarement équilibrés, comme l’exige le CCQ. « La plupart du temps, les gens paient le gros prix pour un appareil qui, une fois installé, est déséquilibré en extraction [excessive]. Ils se retrouvent avec l’équivalent d’un gros ventilateur de salle de bain qui n’amène pas la bonne quantité d’air frais par rapport à ce qui sort. La partie 11 (efficacité énergétique) du CCQ impose l’échange d’air avec une efficacité de récupération sensible de chaleur de l’air vicié de 54 % à -25°C dans le sud du Québec, mais si les débits ne sont pas bien équilibrés, on peut oublier la récupération de chaleur. » En effet, quand la maison est ainsi dépressurisée, l’essentiel de l’air extérieur qui pénètre dans la maison passe par les fissures dans l’enveloppe du bâtiment et non par le VRC et son noyau de récupération de chaleur.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), un VRC certifié ENERGY STAR bien installé peut typiquement réduire jusqu’à 70 % la consommation d’énergie associée à la ventilation requise dans une maison — soit 680 kilowattheures ou environ 60 $ d’électricité par année au tarif actuel — comparativement à un échangeur d’air ou un système d’extraction dépourvu de récupération de chaleur efficace.

Risque de contamination de l’air

La dépressurisation d’une maison ne doit pas être prise à la légère, insiste Joël Legault. « Les problèmes de ventilation, ça peut affecter la santé des gens et du bâtiment. Si la maison est en pression négative importante, les gaz d’échappement du garage peuvent être tirés dans la maison, tout comme le radon [gaz radioactif souterrain et deuxième cause de cancer du poumon] ou les gaz de combustion d’un foyer au bois ouvert. » En présence d’un appareil à combustion, il est recommandé de pressuriser légèrement la maison pour éviter tout refoulement de monoxyde de carbone mortel, par exemple par une dépressurisation causée par l’usage de la hotte de cuisine ou d’une sécheuse. Les Exigences techniques Novoclimat 2.0 précisent que « le débit mesuré du conduit principal d’alimentation d’air doit avoir un écart maximal de plus ou moins 10 % par rapport au débit mesuré du conduit principal d’extraction d’air ». Selon Joël Legault, cela « signifie qu’il peut y avoir un déséquilibre entre l’entrée et la sortie d’air de 10 % au maximum, peu importe si c’est en pressurisation ou en dépressurisation. C’est plus ou moins 10 % parce que la précision limitée des appareils de mesure rend difficile l’obtention d’une valeur exacte ».

Un problème historique

En 2006, 90 % des maisons inspectées dans le cadre d’une enquête du magazine Protégez-Vousprésentaient des installations de ventilation résidentielles non conformes au Code du bâtiment. « Dans les 40 maisons inspectées, on a relevé 114 non-conformités avec les codes et normes en vigueur », rappelait le technologue en bâtiment Mario Canuel, ancien chef d’équipe, Réglementation, soutien technique et conception de programmes, à l’ancienne Agence de l’efficacité énergétique du Québec,dans une excellente série de quatre articles parus de février à juin 2013 dans le magazine IMB (Inter-mécanique du bâtiment) publié par la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ).

Joël Legault ajoute que la seule amélioration notable dans l’installation des VRC au Québec s’est produite avec l’adoption du CCQ de 2012 qui imposait cet appareil dans l’ensemble du territoire québécois. « La seule différence, c’est que maintenant tous les constructeurs installent des VRC parce qu’ils sont obligatoires depuis 2012. Là où on voit une différence entre les installateurs, c’est que les entrepreneurs en ventilation formés à l’intérieur du programme Novoclimat 1 ont continué sur leur lancée. »

Comme on peut s’y attendre, la qualité de l’installation dépend beaucoup de la compétence de la firme que l’on embauche, précise le technologue en bâtiment Mario Canuel. « Même si on recommande au consommateur de surveiller ceci et cela, l’entrepreneur répond ”J’ai toujours fait ça de même”. » Les entrepreneurs en ventilation certifiés Novoclimat 2.0 par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) ont suivi une formation leur permettant de respecter les exigences de ce programme contrôlées par des inspections de chantier indépendantes. Le site du BNQ affiche la liste de tous les constructeurs, spécialistes en ventilation et inspecteurs professionnels certifiés Novoclimat 2.0. Selon l’un d’eux, Marc Brousseau, directeur des installations chez Climatisation BS, à Laval, faire équilibrer un VRC existant coûterait typiquement 425 $ (« cela dépend du nombre de bouches d’air dans la maison ») ou environ 225 $ pour mesurer et ajuster seulement les débits de l’amenée et de la sortie d’air sur l’appareil lui-même.

Faute de budgets et d’immunité juridique, la plupart des municipalités québécoises inspectent très peu les chantiers résidentiels, encore moins les systèmes de ventilation. Or en Ontario, chaque chantier résidentiel fait l’objet d’au moins une dizaine d’inspections (excavation, fondations, charpente, isolation, plomberie, électricité, gaz, foyers, installations septiques, inspections finales…) « Au moment de l’inspection finale des installations techniques, un formulaire doit être fourni à l’inspecteur de la Ville d’Ottawa, rempli par un technicien qualifié, indiquant que le VRC ou l’échangeur d’air a été calibré conformément aux exigences du Code du bâtiment de l’Ontario », explique John Buck, Chef adjoint du bâtiment dans la capitale nationale.

Mario Canuel estime que le Québec devrait faire de même. « Pourquoi le politique accepte qu’on soit si différent? La nouvelle règlementation provinciale de 2012 en efficacité énergétique était sensée être mise à jour aux cinq ans. Quel est le suivi qui est fait et peut-on nous dire le taux de conformité basé sur une analyse scientifique? La seule chose que la Régie du bâtiment fait, c’est gérer les plaintes, mais autrement à ma connaissance il n’y a pas d’inspection. Rien ne nous dit que la situation s’est améliorée ni ne prouve qu’elle n’a pas empiré. On ne le sait pas si la science n’existe pas, si on gère les plaintes et si on laisse faire l’industrie et advienne que pourra. La Régie devrait s’entendre avec Transition énergétique Québec [l’organisme gouvernemental qui remplace l’Agence de l’efficacité énergétique] pour faire des inspections aléatoires de l’enveloppe du bâtiment et des systèmes de ventilation. Avant de quitter le gouvernement, j’ai suggéré le dévoilement obligatoire des résultats pour mettre pression sur l’industrie… »

La Régie du bâtiment du Québec n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Un VRC bien installé, c’est bon pour la santé

Les bénéfices sanitaires des VRC — sélectionnés, installés, utilisés et entretenus selon les recommandations des fabricants — sont de plus en plus documentés scientifiquement. L’étude IVAIRE de l’Institut national de santé publique du Québec, résumée dans notre numéro d’hiver 2016, indiquait que le taux de ventilation mesuré dans 111 maisons était de 0,2 changement d’air à l’heure (CAH) alors que le Code national du bâtiment recommande 0,3 CAH. Une amélioration à ce niveau dans ces maisons avait réduit significativement les concentrations de formaldéhyde irritant ainsi que les symptômes et la prise de médicaments chez des enfants asthmatiques. Et en 2010, une étude du pneumologue Tom Kovesi, du Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario, à Ottawa, avait démontré que ventiler conformément à la norme CSA F-326 réduisait significativement l’incidence des symptômes de maladies respiratoires, en déshumidifiant et en dépolluant les maisons. Menée au Nunavut, cette première étude en son genre portait sur 50 maisons et fut menée en double aveugle avec placebo : ni les chercheurs, ni les participants ne savaient quelles maisons était dotée d’un VRC fonctionnel ou d’un VRC qui recirculait l’air intérieur sans l’échanger.

Autres problèmes à surveiller

Voici, selon Joël Legault, des indices d’un VRC dont les débits pourraient être déséquilibrés.

• Un VRC possède des ouvertures dans son plancher par lesquels un boyau de drainage doit être raccordé afin d’évacuer le condensat créé en hiver par le dégivrage automatique de l’appareil. « Encore aujourd’hui, on voit des VRC sans boyau raccordé à un drain de plancher. Ça veut dire qu’il n’y a zéro récupération de chaleur parce qu’il n’y a pas de condensation qui se forme dans le cœur » [le noyau de récupération de chaleur]. Si le VRC est bien installé avec un équilibre parfait entre l’amenée et la sortie d’air, le noyau se refroidit en transférant un maximum de chaleur à l’air frais. M. Legault précise qu’il ne faut pas confondre les VRC et les VRE (ventilateur récupérateur d’énergie) qui récupèrent l’humidité. « Très efficaces, les VRE ne forment pas de condensation, donc un drain n’est pas requis. »

• Si le drain sous le VRC est raccordé mais qu’il n’y a pas d’eau dans le boyau.

• Si le filtre d’entrée d’air, qui doit être nettoyé aux trois mois, est propre. « Demandez au propriétaire, avez-vous changé votre filtre ou à quelle fréquence le lavez-vous? Des clapets fermés ou ouverts et la longueur de conduits joueront aussi sur les pressions [de l’air dans la maison]. »

•  Si le clapet ou le conduit d’amenée d’air semble restreint. « Un VRC, c’est fait pour être équilibré, mais en sortant de l’usine il n’y a aucun conduit, rappelle Joël Legault. L’équilibre ou non de l’amenée et de l’évacuation d’air dépend de la longueur des conduits d’un côté et de l’autre de l’appareil et des restrictions qui peuvent causer un déséquilibre. Involontairement ou par manque de connaissance, certains entrepreneurs vont ouvrir la sortie au maximum et étrangler un peu l’entrée d’air. Mais un bon installateur va calibrer l’appareil pour équilibrer exactement l’amenée et l’évacuation. »

La piètre qualité d’installation des VRC dans la vaste majorité des maisons neuves est aussi vieille que l’existence de ces appareils. Une étude publiée en 1999 par la Société canadienne d’hypothèques et de logement avait soulevé le problème : sur 60 maisons inspectées à travers le pays, 42 % affichaient un déséquilibre entre l’amenée et la sortie d’air. Selon Joël Legault, « au Québec les choses se sont juste améliorées après l’arrivée du programme Novoclimat en 1999. C’était le jour et la nuit parce qu’avant, presque aucun appareil n’était balancé! Aujourd’hui, la situation s’est un peu améliorée, mais si je prends tous les VRC installés depuis 10 ans, tant en rénovation qu’en construction neuve, d’après moi il n’y en a pas plus de 25 % dont les débits sont équilibrés. Si je prends juste la maison neuve actuellement dans la grande région de Montréal, ce serait peut-être plus mais je ne peux me prononcer définitivement. C’est délicat car il y a des gens dans cette industrie qui travaillent très bien et qui font le nécessaire pour équilibrer tous leurs systèmes. Mais je sais aussi que c’est une minorité. Alors je ne voudrais pas, par mes commentaires, tous les mettre dans le même panier. »

Déficiences mineures ou majeures

Un bon installateur va calibrer l’appareil pour équilibrer l’amenée et l’évacuation de l’air. © Lifebreath

Fin 2012, Mario Canuel sondait divers inspecteurs et concluait qu’environ la moitié des maisons était mal ventilée. Parmi les non-conformités fréquemment rapportées, il citait dans IMB :

• beaucoup de VRC installés dans des espaces inappropriés ou trop exigus, « souvent responsables de problèmes de bruits, de transmission de vibrations et d’accessibilité difficile pour l’entretien et les réparations;

• « des registres d’équilibrage inaccessibles pour les réglages, des conduits aux parcours trop longs ou installés dans des espaces non chauffés et même, dans certains cas, une incapacité à ventiler adéquatement certaines pièces de la maison »;

• des débits aux grilles ne respectant pas les minimums requis pour les salles de bains, les chambres et les autres pièces; selon le Tableau 9.32.2.3 du Code national du bâtiment 2010 en vigueur au Québec, les minimums requis sont de 10 litres d’air par seconde (L/s) pour la chambre principale et le sous-sol, et de 5 L/s pour les autres pièces (1 L/s = 2,12 pieds cubes par minute ou pcm);

• des grilles d’alimentation qui ne projetaient pas adéquatement l’air vers le plafond pour bien mélanger l’air frais avec l’air ambiant.

En outre, la vaste majorité des maisons ne sont toujours pas dotées de conduites de ventilation rigides tel qu’exigé par le programme Novoclimat car le Code permet l’installation de conduits flexibles. « Les conduits flexibles, dit Joël Legault, ça ne se nettoie pas adéquatement, selon une autre étude de la SCHL. Ils accumulent la poussière. »

Mais pour ce technologue en architecture, un débit insuffisant dans une pièce et l’absence de conduits rigides constituent des problèmes mineurs comparativement à un VRC déséquilibré.  « Commençons par installer un VRC balancé, c’est la première étape, la chose la plus importante. Une fois que ce sera entré dans les mœurs, on pourra exigera conduits rigides partout. Il ne faut pas s’empêcher de poser un VRC parce qu’on n’est pas capable de poser une amenée d’air dans une chambre. Peu gens dorment la porte fermée avec un tapis à poil long qui empêche la circulation d’air. Si la porte est ouverte, le besoin de ventilation localisée n’est pas énorme. »

L’avis de la GCR

Malgré le nombre élevé de non-conformités remarquées par les inspecteurs privés sur le terrain, les problèmes de ventilation ne sont pas affichés dans Le top 10 » des non-conformités, publié en septembre 2016 par Garantie de construction résidentielle (GCR). Cet organisme établit ce top-10 « entre autres, selon l’occurrence des non-conformités observées en chantier et ce top-10 réévalué annuellement », précise son porte-parole Guillaume Houle.

Les deux principales non-conformités détectées par la GCR dans les maisons neuves, soit les solins mal installés et les défauts d’étanchéité à l’air, peuvent également dégrader la qualité de l’air intérieur car ils favorisent l’infiltration d’eau et d’humidité dont raffolent les moisissures. Selon Joël Legault, il existe une très bonne raison pourquoi la GCR ne mentionne pas les VRC mal installés dans son top-10. « Elle ne vérifie pas la ventilation et les débits. Je pense que le mandat confié à la GCR est intéressant et devrait faire en sorte que les choses aillent mieux. On sent une volonté, mais ils pourraient minimalement demander un certificat de balancement. Ça rendrait une personne responsable de la qualité des systèmes de ventilation. »

M. Houle de la GCR affirme que les problèmes de ventilation sont une « grande préoccupation » de son organisme. « Pour démontrer que GCR prend la situation au sérieux, la firme spécialisée en système de ventilation Legault-Dubois est venue donner une formation au mois d’avril dernier à toute notre équipe d’inspecteurs, et ce, à notre demande, afin de nous assurer que nos inspecteurs soient sensibilisés à cette problématique. En effet, lors des inspections en chantiers, nous demandons à nos inspecteurs de vérifier si tous les éléments et composantes des systèmes de ventilation sont installés et respectent le Code de construction avant la pose des revêtements de mur. Ils doivent notamment vérifier si les clefs permettant l’équilibrage des systèmes de ventilation soient bien en place selon la section 9.32. du Code. À cet égard, il est vrai de mentionner que nous ne vérifions pas les débits, car, pour ce faire, il faudrait que GCR inspecte à la fin de la construction de l’immeuble, une ou deux journées avant la livraison. Or, pour des raisons pratiques et techniques, afin de s’assurer, entre autres, que tous les éléments devant se retrouver entre les murs sont présents et adéquats, dont les éléments des systèmes de ventilation, GCR privilégie le moment avant la pose du revêtement des murs pour effectuer ses inspections. Pour ce qui est du certificat de balancement, les installateurs de système de ventilation sont des spécialistes et, comme GCR effectue ses inspections avant la pose du revêtement des murs et que les tests de balancement s’effectuent lorsque l’immeuble est entièrement terminé, ils sont les mieux à même pour effectuer ces tests. Donc, les entrepreneurs pourraient possiblement exiger de leur spécialiste un tel certificat. Pour conclure, GCR compte effectuer des représentations auprès de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), afin que la clef permettant l’équilibrage des systèmes de ventilation soit incluse dans la liste des éléments à vérifier du formulaire d’inspection-préréception, car il s’agit d’un moment important pour l’acheteur et l’entrepreneur et qu’il survient tout juste avant la prise de possession du bâtiment. »

Pour sa part, l’architecte Robert Périnet, directeur technique de GCR, précise qu’il préfère s’entendre avec les associations d’entrepreneurs en mécanique du bâtiment pour qu’ils rendent obligatoire la formation en ventilation Novoclimat 2.0 pour tous les entrepreneurs. « C’est important car si une maison est pressurisée au-delà de la limite de 10 %, ça augmente les probabilités de fuites d’air et de condensation dans les murs ou la toiture, favorisant la croissance de moisissures. Nous en sommes très conscients. C’est certain que nous avons cette préoccupation car la loi nous dit d’assurer la qualité des constructions et donc de protéger le consommateur. Mais il faut nous donner du temps, nous devions d’abord nous préoccuper de non-conformités au Code plus urgentes, comme l’installation de conduits de distribution d’air dans la séparation coupe-feu d’un logement (la cavité entre un plafond de gypse et le sous-plancher du voisin). »

Et de la CMMTQ

Pour sa part, la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ), l’une des deux associations dans ce domaine avec la CETAF, refuse d’imposer la formation en ventilation Novoclimat 2.0 à ses entrepreneurs. « Par contre nous offrirons sous peu trois formations pouvant mener à la certification Novo 2.0 (Science du bâtiment, Ventilation autonome et/ou Ventilation centralisée), explique Henri Bouchard, directeur du service technique. Il faut savoir qu’un entrepreneur qui respecte le code en vigueur sera en mesure de fournir un système tout à fait performant sans qu’il soit certifié Novoclimat 2.0. » À ce jour, 518 personnes actives dans le premier programme Novoclimat ont suivi la mise à niveau Novoclimat 2.0, d’une durée de 8 heures, et 172 ont suivi la formation de 3 jours, précise M. Bouchard.

Cet expert confirme que les VRC ne sont souvent pas installés ni utilisés selon les règles de l’art. « Les propriétaires n’ont pas toujours l’information nécessaire à savoir comment utiliser le VRC.  Il y a souvent surventilation en hiver causant un assèchement de l’air, les VRC ne sont pas toujours balancés convenablement et le débit d’air dans les pièces n’est pas toujours mesuré. Quant au balancement, il s’agit souvent [d’une erreur] de sous-traitants aux entrepreneurs certifiés. Il faut savoir que c’est l’entrepreneur certifié qui est responsable de l’ensemble de l’œuvre et non celui qui fait le balancement quand ce n’est pas lui-même. »

Afin d’éviter d’assécher les maisons en hiver, en surventilant, plusieures spécialises recommandent de régler le VRC en mode 20/40, soit échange d’air durant 20 minutes suivies de 40 minutes de recirculation. Mais Henri Bouchard a une autre recommandation. « Il faut également savoir qu’au Québec ce sont les VRC qui sont le plus installé alors qu’un VRE est mieux adapté à notre climat » car ils récupèrent l’humidité. Toutefois, cet appareil a un taux de récupération de chaleur inférieur, note Patrick Ranger de Belvedair construction, membre du Cercle d’expert d’Écohabitation.com. Pour plus de détails sur les VRE, lire cet article de GreenBuildingAdvisor.com qui les recommande dans les grandes maisons peu étanches où habitent seulement deux occupants générant peu d’humidité.

Trop peu d’inspections

Joël Legault affirme que plusieurs promoteurs de condos mandatent sa firme pour former ses employés si nécessaire et suivre chaque étape de leurs constructions pour s’assurer que des éléments critiques, comme les séparations coupe-feu, l’étanchéité de l’enveloppe et plus rarement la ventilation, sont conformes au Code. « On n’est pas porteur de bonnes nouvelles et ils ne s’en vantent pas, mais ils veulent en avoir pour leur argent. C’est la minorité des entrepreneurs. » Mario Canuel abonde dans le même sens : « Dans les condos, on voit les mêmes problèmes qu’ailleurs et c’est peut-être même pire. Il n’y a pas cette approche préventive. En général, les entrepreneurs essaient juste de mettre un système qui respecte le Code et la climatisation plutôt qu’une bonne ventilation. Les inspections de systèmes de ventilation, à part Novoclimat, je ne pense pas qu’il y en ait, même dans le secteur commercial. »

Parmi les exceptions, les offices municipaux d’habitation (OMH) sont plus proactifs. C’est le cas de celui de Rimouski pour lequel Mario Canuel a développé une solution de régulation intelligente d’un système de ventilation centralisé à entretien minimal. Celle-ci permet au gestionnaire de suivre en temps réel via le Web divers paramètres comme l’humidité, la température et le taux de polluants de l’air selon les heures ainsi que le niveau d’occupation des logements qui sont dotés de détecteurs de mouvement qui permet d’éteindre la ventilation en cas d’absence prolongée. « Il voit si le système de ventilation est en mode automatique ou manuel ou si l’occupant l’a fermé. Le système est programmé pour ventiler durant 0, 20, 40 ou 60 minutes par heure selon l’heure et la température extérieure. L’occupant n’a pas à s’en occuper. Il est très performant, c’est vraiment impressionnant du point de vue de la consommation énergétique et de la qualité de vie. Le degré de satisfaction des occupants est très élevé : l’OMH reçoit zéro plaintes, y compris dans ses logements Novoclimat 2.0. » (Lire ici les détails de son complexe bioclimatique de 40 logements La Conviviale, d’inspiration Passivhaus.)

Protégez-Vous !

La réalité est tout autre dans le secteur privé. Selon le site garantiegcr.com, « le Règlement sur le plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs vous oblige à procéder à une inspection préréception en compagnie de votre entrepreneur. Peu importe le type de bâtiment, votre entrepreneur doit vous remettre la Liste des éléments à vérifier lors de l’inspection préréception, publié par GCR et approuvée par la Régie du bâtiment du Québec. Vous devez scrupuleusement la remplir après avoir inspecté l’unité en sa compagnie. Vous pouvez aussi, à vos frais, retenir les services d’un professionnel du bâtiment pour vous accompagner lors de la visite. »

Joël Legault dit ne pas comprendre le comportement des acheteurs d’habitations qui se fient simplement à la bonne réputation des entrepreneurs québécois et de leurs ouvriers qui doivent avoir des cartes de compétence. « Je n’en reviens pas : quand on achète une maison d’un entrepreneur, on est sensé signer le document de réception mais la plupart des clients n’ont que la couleur de rideaux en tête, ils ont hâte de déménager. Je trouve particulier que les gens qui achètent une maison existante paient 500 $ à 600 $ pour une inspection préachat mais que pour une maison neuve, il ne la font pas inspecter. Même s’ils déboursent 300 000 $ à 400 000 $, ils se fient seulement sur la garantie GCR. Récemment, nous sommes tombés sur une maison neuve qui avait 27 non conformités majeures — au niveau de l’escalier, des hauteurs de garde-corps, du manque d’isolation dans l’entretoit, etc. Malheureusement, bien des acheteurs se disent, Ici, on est sensé engager des ouvriers compétents, pourquoi je ferais inspecter par-dessus? ”»

Le Top-dix des non-conformités dans les maisons neuves

(Source : GCR, septembre 2016)

1.      Solins
2.      Étanchéité à l’air et à la vapeur d’eau
3.      Lisse d’assise
4.      Protection des mousses plastiques
5.      Ponts thermiques
6.      Isolation des murs de fondations
7.      Dimensions des appuis aux poutres
8.      Protection contre l’humidité
9.      Chantepleures
10     Séparation coupe-feu – continuité et étanchéité

Pour en savoir davantage

Conseils pour l’achat, l’installation et l’entretien des échangeurs d’air  

Les erreurs à éviter lors de l’équilibrage des débits d’air, magazine IMB, mars 2017.

Ventilation résidentielle (Partie 1 de 4), Les erreurs les plus fréquentes en conformité et qualité des installations, magazine IMB, février 2013.

Ventilation résidentielle (Partie 2 de 4), Les erreurs relatives à la conception et au choix des composantes des systèmes, magazine IMB, mars 2013.

Ventilation résidentielle (Partie 3 de 4), Les erreurs relatives à la mise en place des systèmes de ventilation, magazine IMB, mai 2013.

Ventilation résidentielle (Partie 4 de 4), Les erreurs relatives à la mise en place, l’équilibrage, l’utilisation et l’entretien des systèmes de ventilation, magazine IMB, juin 2013.

La nouvelle règlementation du Code de construction sur la ventilation (Écohabitation)

Les chroniques Habitation de la firme Legault-Dubois

Installation d’un ventilateur récupérateur de chaleur jumelé à un système de chauffage à air pulsé (Régie du bâtiment du Québec)

Le ventilateur récupérateur de chaleur (SCHL)

Designing a good ventilation system (Green Building Advisor)


Auteur de cet article : La maison du 21e siècle