L’eau de pluie est principalement récupérée pour l’arrosage du jardin, mais plus rarement pour l’usage domestique. La raison est simple : avant d’obtenir de l’eau potable, l’eau pluviale doit passer par un système de filtration assez élaboré. Frédéric est allé visiter une maison 100 % autonome en eau grâce à la récupération de l’eau de pluie. Comment récupérer les eaux de pluie? Comment faire une bonne gestion de l’eau? Les propriétaires nous dévoilent les secrets de leur système de récupération d’eau de pluie.
Un projet de récupération d’eau de pluie dans une maison entièrement rénovée
Karine et Renaud souhaitaient vivre en cohérence avec leurs valeurs environnementales. Ils ont pris conscience, il y a longtemps, que chacun de leur geste et que chaque achat a un impact sur la planète.
Ils désiraient avoir un mode de vie qui prend en considération les limites des ressources planétaires. Et cette célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry résume bien leur vision : « Nous n’héritons pas de la Terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ».
La préparation du projet et les premiers essais
Pour faire avancer leur projet, Renaud a suivi le Certificat de Design de Bâtiment Écologique alors qu’il habitait encore à Montréal. Cet ancien citadin avait envie d’aller vivre dans la nature. Toutefois, il souhaitait d’abord acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir le faire sereinement.
La formation lui a fourni toutes les ressources dont il avait besoin pour débuter le projet avec Karine. Ils ont commencé à appliquer les enseignements appris lors de la formation dans leur duplex.
À savoir : pour nos amis français, un duplex est un type d’habitation comprenant 2 logements sur 2 niveaux.
L’achat d’une maison de campagne
Avec la naissance des enfants, la famille s’est agrandie. Ils ont alors eu envie d’un style de vie plus au contact de la nature avec pour objectifs principaux de :
- Gagner plus d’autonomie en récupérant l’eau de pluie et en créant un jardin
- Accéder à plus d’indépendance financière pour passer plus de temps en famille
C’est pourquoi ils souhaitaient rénover leur maison de campagne de manière autonome en appliquant des techniques de construction écologiques. Au moment où Frédéric leur rend visite, leur projet est encore en cours. Il avance au rythme de la famille qui compte 2 jeunes enfants.
Pour que la maison devienne entièrement autonome en eau, ils doivent adapter une bonne partie des installations existantes. Karine et Renaud nous expliquent leur cheminement.
L’autonomie en eau à travers la récupération d’eau de pluie
À l’achat de la maison, le couple était bien content d’avoir un puits sur leur terrain. C’était sans compter les résultats d’analyse de l’eau, qui s’est révélée contaminée. L’eau du puits contient du fer, du manganèse en quantité trop élevée et elle contient aussi de l’arsenic.
Finalement, ce puits de surface s’est révélé inutilisable à cause de son eau non potable. Et comme si la nouvelle ne suffisait pas, l’eau avait également contaminé toute la plomberie de la maison.
La récupération des eaux pluviales dans des réservoirs s’est révélée être pour eux la meilleure solution. Et cela répondait à plusieurs de leurs objectifs :
- Ne pas dépendre du réseau de distribution
- Avoir le contrôle sur la qualité de l’eau
- Ne pas avoir d’impact négatif sur les nappes phréatiques
- Développer une conscience familiale au sujet de l’utilisation de l’eau
Renaud a donc installé des cuves extérieures pour récupérer l’eau de pluie. Il a ensuite entièrement refait la plomberie en intégrant un système de gestion de l’eau pour :
- Pomper et distribuer l’eau dans toute l’habitation
- Rendre l’eau de pluie potable
- Économiser l’eau au maximum
Cette installation 100 % autonome leur permet de vivre en accord avec leurs valeurs. Au quotidien, la gestion et la préservation de l’eau font partie de leur mode de vie. La famille ne peut pas utiliser davantage que ce qu’ils ont en réserve.
Pour y parvenir, ils utilisent :
- Des robinets à faible débit
- Un lave-vaisselle et un lave-linge économes en eau
- Des toilettes au compost
Cela ne réduit en rien leur confort de vie puisqu’ils possèdent tout l’équipement d’une habitation conventionnelle. Et les 2 salles de bains possèdent même chacune leur baignoire!
Les défis de la rénovation écologique et de l’autonomie en eau
Que ce soit en construction ou en rénovation, les solutions les plus vertes et durables ne sont pas forcément les moins chères. Le choix du chauffe-eau, par exemple, a amené le couple à faire quelques concessions. Il a suscité une longue réflexion sur les enjeux de la récupération de l’eau de pluie et les priorités en matière de rénovation.
Le chauffe-eau choisi par Karine et Renaud a coûté 5 fois plus cher qu’un appareil standard. La décision a été prise en fonction de la durabilité du matériau. Et ils ont opté pour un chauffe-eau en acier inoxydable qui ne terminera pas à la poubelle dans 10 ans.
L’appareil a été acheté chez Énergie 18-8 Inc., une entreprise québécoise. Il est garanti 40 ans et il a une durée de vie de 70 ans minimum. L’acier inoxydable est de qualité alimentaire, il ne se détériore pas, garantissant ainsi la qualité de l’eau.
Sa durée de vie en fait un investissement rentable sur le long terme, mais à l’achat cela représente 1/8e du budget de rénovation du couple.
Une salle mécanique organisée autour du système de récupération de l’eau
La salle mécanique représente le cœur de l’habitation. Elle a été conçue pour atteindre l’autonomie en eau. C’est dans cette salle que Renaud et Karine gèrent :
- Le traitement de l’eau de pluie
- La distribution de l’eau potable
- Les toilettes au compost
L’installation mécanique d’une maison autonome en eau
- Le système de gestion de la récupération de l’eau de pluie utilise une pompe électrique pour prélever l’eau directement dans le collecteur situé à l’extérieur.
- Puis, un ballon d’eau met sous pression l’eau dans tout le système.
- Elle passe ensuite un système de filtration composé de 3 filtres :
- Un filtre à sédiments qui sert à éliminer le sable et les gros éléments
- Un filtre à charbon qui élimine les pesticides, les métaux lourds et les plastiques
- Un filtre UV pour éliminer tous les micro-organismes
Les toilettes au compost pour une meilleure gestion de l’eau
Les toilettes sèches ne possèdent pas de chasse d’eau. Chez Renaud et Karine, elles sont gérées par un système central de gestion du compost. C’est-à-dire que le tuyau d’évacuation des toilettes se rend directement dans la salle mécanique.
Les déchets humains sont acheminés jusqu’au composteur à l’intérieur d’un tuyau d’évacuation. C’est lui qui gère tout le processus de compostage à l’aide de micro-organismes. Grâce à la vie microbienne qui se trouve à l’intérieur de l’installation, le compostage se fait de manière très efficace.
Une fois prêt, le compost récupéré a le même aspect que la terre. Il peut ensuite être entreposé à l’extérieur de la maison.
La salle mécanique constitue l’investissement le plus important de cette maison autonome en eau pluviale. L’ensemble des équipements représente un budget de 10 000 $.
Le reste des travaux concerne principalement l’isolation afin d’améliorer le rendement énergétique de la maison. Les économies d’énergie sont une autre manière efficace d’avancer vers plus d’autonomie et d’indépendance financière !
L’amélioration de l’isolation avec des matériaux sains
Le couple participe au programme Rénoclimat qui les accompagne pour trouver des solutions efficaces pour améliorer les performances énergétiques de l’habitation. Ce programme de subvention soutient les rénovations écologiques et offre aussi des conseils techniques!
Pour prétendre à la subvention canadienne, l’isolation des murs de fondations de leur maison devait atteindre une résistance thermique équivalente à R 13.
Pour atteindre le bon niveau d’isolation, les murs de fondation sont recouverts de panneaux SONOclimat ECO4 en fibres de bois. Ces panneaux de contreventement sont fabriqués avec des copeaux de bois provenant du Québec. Ils sont constitués en partie de bois recyclé, ce qui leur confère une très faible énergie grise. Ils sont aussi fabriqués sans urée-formaldéhyde et ne dégagent pas d’émanations toxiques.
Ces panneaux se posent sur toute l’enveloppe extérieure des bâtiments afin d’éliminer tous les ponts thermiques. Une membrane d’étanchéité est ajoutée sur toute la surface pour protéger l’isolant de l’humidité.
À l’intérieur de l’enveloppe, Renaud a monté une structure avec des planches de bois de 2 po x 4 po (5,08 x 10,16 cm) pour pouvoir poser de la laine de roche. Cette section est fermée avec des panneaux de fibres de bois, eux-mêmes recouverts d’un pare-vapeur.
Et puisque le sous-sol se trouve en rez-de-jardin, son plafond devait lui aussi être bien isolé. Renaud a utilisé à nouveau des panneaux SONOclimat ECO4, car ils sont aussi très efficaces pour insonoriser les pièces.
Pour la finition des murs, il a utilisé des plaques de gypse recouvertes de peinture naturelle à la chaux. Karine a fabriqué une peinture maison pour les murs, qu’elle a appliqué sur toutes les parois en gypse.
Grâce à un choix minutieux des matériaux, leur maison est saine et naturelle!
Conseils pour la rénovation autonome
Renaud n’hésite plus à conseiller aux personnes qui réfléchissent à un projet de construction de rêver grand! Pour lui, le secret de la réussite en rénovation écologique ne réside pas dans le budget ou dans les connaissances techniques. Ce sont les échanges et les partages de savoir-faire au sein d’un réseau qui permettent de réaliser des projets d’envergure.
Il ne compte plus le nombre d’amis et de personnes rencontrées à la formation de Solution ERA qui sont venus participer au chantier. Devant chaque difficulté ou questionnement, il a pu se tourner vers son réseau et trouver du soutien.
Vous aussi, vous pourriez profiter de ce même réseau d’autoconstructeurs.trices qui rencontrent les mêmes défis que vous. La plateforme de formation vous offre un accès à vie. Vous profitez largement des contacts avec la communauté même après avoir finalisé vos cours.
Consultez la fiche technique (dimensions, isolation, etc.) ici : Fiche technique