Quand on s’y intéresse de près, la minimaison prend vite des allures de macroprojet! Mieux vaut ne pas se fier à sa petite taille. Entre les préparatifs, la construction et la recherche d’un lieu où l’installer, avoir une micromaison au Québec présente des challenges.

C’est pourquoi Francis est parti visiter la tiny house de Gabriel Parent-Leblanc. Il a accepté d’ouvrir les portes de sa maison écologique et de partager avec nous ses conseils d’autoconstructeur. On vous dit tout sur cette visite épique, c’est parti!

Micromaison mobile : un défi de poids

Bien qu’elle puisse prendre plusieurs noms : micromaison, minimaison, tiny house… ce type d’écohabitation tend vers le minimalisme. Visiter une micromaison au Québec nous intéressait tout particulièrement pour les défis techniques que cela représentait.
D’abord, parce que les températures hivernales obligent les autoconstructeurs à prévoir une isolation sans faille. Ensuite, parce que le poids est un élément fondamental en ce qui concerne la minimaison sur roues.

Les essieux de la remorque pour micromaison

Pour faire simple : le choix des essieux détermine le poids total de l’habitation. Cela comprend bien évidemment le poids des matériaux de construction, mais aussi celui de la remorque (le trailer) et de l’équipement (meubles, électroménagers, etc.).
Sans compter que Gabriel, qui possède une maîtrise en gestion de l’environnement, a choisi d’intégrer de l’équipement solaire supplémentaire pour autoproduire son électricité. Mais nous y reviendrons plus tard.
Les 2 essieux de la remorque de Gabriel peuvent supporter 5 200 lbs chacun (2 360 kg). Cela signifie que l’habitation ne peut pas peser plus de 10 400 lbs au total (4 720 kg).
La remorque, dont le cadre est en acier galvanisé, pèse déjà à elle seule 2 000 lb (907 kg).

La remorque idéale pour une tiny house sur roues

Le choix de la remorque est crucial dans la construction d’une minimaison, car elle fait office de fondations.
Pour le cadre d’une remorque de micromaison mobile, vous avez le choix entre 3 matériaux différents :

  • Aluminium
  • Acier peint
  • Acier galvanisé

L’aluminium : il ne risque pas de rouiller, mais il faut savoir qu’il est plus mou que l’acier. Quand on prend conscience du poids que le cadre doit supporter, on comprend que ce n’est pas le choix le plus pérenne.
L’acier peint : il nécessite beaucoup d’entretien afin de le préserver de la rouille. Et les bordées de neige l’hiver n’aident vraiment pas à lui offrir les soins qu’il demande.
L’acier galvanisé : il est généralement plus cher que les 2 autres, à moins que vous ne trouviez une remorque seconde main. Il est très résistant et il ne rouille pas. En fonction de l’épaisseur de la couche de zinc, une remorque en acier galvanisé peut durer entre 30 et 100 ans.
Pendant les transports, c’est la remorque qui assure la stabilité de toute l’habitation. Plus elle reste stable et moins les matériaux et l’isolation risquent de bouger. C’est pourquoi Gabriel conseille d’investir dans le matériau le plus robuste possible.
Dans le cas de Gabriel, une fois le poids de la remorque pris en compte, il ne restait plus que 8 400 lb disponibles pour la maison. Un défi qu’il a relevé avec succès en choisissant minutieusement ses matériaux.

La micromaison mobile permet de gagner son indépendance géographique

Une micromaison québécoise en matériaux écologiques à faible impact environnemental

Les matériaux de la maison de Gabriel ont été sélectionnés en fonction de leur poids, mais aussi de leur empreinte environnementale. C’est la quantité d’énergie grise produite par les matériaux qui a largement influencé le choix final.
L’énergie grise prend en compte la quantité d’énergie consommée pendant tout le cycle de vie d’un matériau :

  • Extraction
  • Transformation
  • Fabrication
  • Transport
  • Installation
  • Entretien
  • Recyclage

La charpente de l’habitation : elle est faite en cèdre québécois. Le revêtement intérieur est en lambris de pin du Québec. Tout le bois a été traité avec une huile 100 % naturelle pour éviter les émanations toxiques et préserver la qualité de l’air.
L’isolation : à cause des températures qui descendent en dessous de 0 °C en hiver, l’isolation est un point crucial. L’enveloppe de cet habitat écologique est isolée avec des panneaux rigides de polyisocyanurate.
D’après les recherches de Gabriel, c’est le plus écologique des isolants synthétiques. Il est composé d’uréthane gonflé à l’eau. Une fois posé, il n’a aucune influence sur la qualité de l’air.
L’isolant en polyisocyanurate atteint une valeur R 6,5 par pouce. En comparaison, la cellulose a une valeur R 3,5 par pouce.
La valeur R représente la résistance thermique des matériaux. Plus elle est élevée, moins il y a de transferts de chaleur à travers l’isolant. La micromaison québécoise de Gabriel est isolée avec les valeurs :

  • R 25 dans les murs
  • R 29 dans le plancher
  • R 41 dans le toit

Notez que le plancher est particulièrement bien isolé pour pallier l’absence de fondation.
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La micromaison au Québec en quelques chiffres

200 pieds carrés

Ou 18,6 m2, c’est la taille de la maison. La remorque fait 24′ de long par 8′ de large (7,32 m x 2,44 m).
À cela, vous pouvez ajouter l’espace mezzanine qui n’est pas pris en compte dans l’espace habitable.

1000 heures

C’est le nombre total d’heures nécessaires pour finaliser le projet de construction.
Les allers et retours dans les magasins de bricolage et les temps de planification ne sont pas inclus!

6 mois

C’est le temps consacré au projet. Pour Gabriel, cela représente 6 jours de travail par semaine. La fin de semaine, les renforts étaient toujours présents pour l’aider.
En autoconstruction, il est bon de pouvoir compter sur sa famille et ses amis.

30 000 $

C’est le montant investi par Gabriel pour fabriquer sa tiny house.
Ce prix ne tient pas compte de tout l’équipement solaire.

50 000 $

C’est le prix évalué par Gabriel pour ce type d’habitation clés en main.

Un aménagement solaire sur une minimaison au Québec, est-ce possible?

Oui! En plus de l’équipement photovoltaïque, l’habitation utilise un principe de construction bioclimatique. L’ensemble des fenêtres est disposé sur une seule façade pour pouvoir les exposer plein sud. Ce design solaire passif fournit de la chaleur et de la luminosité gratuitement.
Sur cette même façade, on trouve aussi un chauffe-air solaire. C’est un panneau noir qui contient des tuyaux dans lesquels l’air de réchauffe sous les rayons du soleil. Une fois chaud, l’air est poussé dans la maison à l’aide d’un petit ventilateur de 12 V.
Ce système se fabrique au Québec et se rentabilise en seulement 3-4 ans. C’est la 1re source de chauffage de Gabriel pendant l’hiver, car il reste efficace même par temps froid.
Un petit chauffage d’appoint électrique est disponible quand les journées sont trop grises. Au final, le budget d’électricité de Gabriel pour se chauffer pendant la saison d’hiver n’atteint même pas les 100 $.
Pour compléter son installation, il a investi dans 3 panneaux solaires. Cela lui permet d’atteindre une certaine autonomie en énergie. C’est 50 % de ses besoins qui sont couverts par son autoproduction d’électricité!
Les panneaux photovoltaïques fournissent de l’électricité 12 V qui alimente :

  • Le ventilateur du chauffe-air
  • Un réfrigérateur conçu pour fonctionner sur du 12 V
  • Une base de recharge USB pour le téléphone et l’ordinateur astucieusement branché sur un allume-cigare 12 V de voiture

Le reste de l’électricité est fournie par Hydro-Québec (pour nos amis français : c’est le fournisseur national d’électricité).

Le design intérieur d'une tiny house est optimisé pour profiter d’un maximum d’espace

Comment gérer l’eau dans une tiny house?

La tiny house de Gabriel est alimentée en eau avec un tuyau d’arrosage un peu spécial…
À l’intérieur du tuyau, une résistance permet de réchauffer l’eau pendant la saison froide. Il est également équipé d’un thermostat qui s’active dès que la température extérieure baisse.
Les toilettes n’utilisent pas d’eau puisqu’elles sont au compost. Contrairement aux idées reçues, les toilettes au compost ne sentent pas, même dans un petit espace. En ajoutant de la matière organique, les odeurs sont absorbées. Pour cela, il est possible d’utiliser de la sciure de bois, mais aussi des feuilles mortes ou de la mousse de sphaigne.
Au niveau de la production d’eau chaude, c’est un chauffe-eau au propane qui s’en charge. Diversifier ainsi les sources d’énergie (Hydro-Québec, électricité solaire, propane) permet d’être plus résilient. En cas de panne, ce n’est pas l’ensemble de l’habitation qui est paralysée.

Quelle est la réglementation des micromaisons au Québec

Le développement de la micromaison au Québec est un phénomène assez récent puisque Gabriel était l’un des 1er à construire la sienne en 2014. Cela explique en partie pourquoi la réglementation est absente pour le moment.
Certaines municipalités ont commencé à s’intéresser à l’habitation écologique et à leurs normes de construction. Il est clair qu’un mouvement est en marche! À mesure que les personnes impliquées sont plus nombreuses, le développement de ce type de maison alternative sera facilité.
En attendant, l’une des solutions est de suivre la réglementation en vigueur dans les municipalités pour les roulottes.
Vous pouvez aussi consulter la carte interactive des minimaisons. Certaines villes permettent les constructions minimalistes sous différentes formes.
Par exemple, la micromaison sur fondations, ou encore, l’unité d’habitation accessoire. Ces unités prennent la forme d’annexes latérales à une résidence principale ou de minimaisons construites sur le terrain. Le guide de l’Arpent vous donne toute l’information à ce sujet.

Quels sont les avantages et inconvénients de vivre dans une micromaison au Québec?

Le confort est l’avantage majeur, car Gabriel a créé son espace de vie avec soin. L’intérieur en bois apporte de la sérénité tout en préservant un air sain. Le cadre est extrêmement chaleureux et offre une belle qualité de vie.
L’espace est également conçu pour répondre aux besoins de ses habitants puisqu’il est adapté à leur mode de vie. L’ergonomie des lieux ajoute encore plus de confort.
Sans oublier de prendre en considération le plaisir et la fierté d’habiter dans une maison qu’on a bâtie de ses mains, ou qui correspond parfaitement à nos valeurs écologiques ou minimalistes!
Du côté des désavantages, le principal concerne l’espace. Il ne permet pas d’accueillir plusieurs invités, ou une famille, ou alors pour une période de temps limitée. Dans ce cas, la micromaison devient un projet de transition, le temps de se construire une maison familiale.
Le projet de Gabriel est un bel exemple que nos rêves sont souvent à portée de main. En se libérant du superflu pour ne garder que l’essentiel, il est possible d’avoir un lieu de vie qui vous ressemble!