Saviez-vous qu’un Québécois génère plus de 700 kg de déchets par année ?
Lorsqu’on sait que ces déchets sont soit enfouis ou incinérés, on comprend mieux à quel point ils alourdissent le sombre bilan écologique de nos sociétés modernes. Parmi les effets néfastes citons la contamination des sols et des cours d’eau, l’augmentation des produits chimiques volatiles et j’en passe.
Toutefois, ne le prenons pas comme une fatalité. Si un individu produit 700 kg de déchets par année, imaginons qu’il réduise, d’aussi peu que 10%, ce fardeau. Sur une échelle plus petite, cela correspond à un paquet de biscuits en moins, dans sa poubelle, chaque semaine. À bien y penser, il s’agirait d’un petit pas hebdomadaire, tout à fait à sa portée. Par contre, sur une année complète, il s’agirait d’une avancée considérable dans la bonne direction. Je suis convaincue qu’il n’y a pas de petits gestes. La somme des actions individuelles peut avoir un réel impact collectif.
Dans les dernières années, un mouvement a le vent dans les voiles. Il capitalise sur l’idée que réduire ses déchets est une démarche gagnante pour un quotidien plus propre. Disons qu’il s’agit de pousser le concept d’économie des déchets à l’extrême. Vous en avez sûrement déjà entendu parler, il s’agit du zéro déchet.
Les grandes lignes du zéro déchet
Le zéro déchet est d’avantage une philosophie, un art de vivre, qu’un objectif à atteindre. Nous sommes bien conscients qu’avec notre mode de vie actuel, le déchet nul n’est pas réaliste. Par contre, envisager une réduction est accessible à tous. Toutes les actions dans ce sens, sont autant de victoires pour la préservation de nos ressources et la protection de notre environnement.
Le zéro déchet n’est pas un effet de mode. Nos grands-parents le pratiquaient, peut-être plus par nécessité ou parce que la vie était ainsi faite et plus simple. Nous-mêmes le faisons sûrement un peu, sans pour autant le nommer comme tel, comme nous en a fait part Hélène dans un précédent billet.
La popularisation du mouvement, nous la devons à Béa Johnson. Elle décrit, dans son livre, l’aventure extraordinaire de sa famille (quatre personnes et un chien) qui n’a généré qu’un kilo de déchets durant une année. Cela paraît impossible ? Détrompez-vous, les exemples de réussites ne manquent pas.
Cette alternative à la surconsommation se déploie selon 5 principes de base, appliqués dans l’ordre :
- Refuser, ce dont nous n’avons pas besoin,
- Réduire, ce que nous ne pouvons refuser,
- Réutiliser, ce que nous consommons, mais qui ne peut ni être refusé, ni réduit,
- Recycler, ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, ni réutiliser,
- Composter, tout le reste.
L’idée est de se questionner en amont, lors de l’achat, sur la nécessité et l’utilité d’un objet. Puis, de s’interroger sur son devenir. Ainsi, un objet avec plusieurs fonctions et réutilisable est un choix intéressant. Si en fin de vie il peut être au moins recyclé, c’est très bien. Bien entendu, s’il peut être composté, c’est bien mieux.
En gardant à l’esprit le cycle de vie des objets, notamment leur fin de vie, les adeptes du zéro déchet privilégient les produits naturels, les moins transformés, frais, de saison, de fabrication éthique et responsable, issus de compagnies aux valeurs sociales et environnementales claires…
Le zéro déchet, c’est limiter les emballages et le plastique
Réduire ses emballages, c’est freiner la progression du 7ème continent. Cet amas de plastique qui flotte dans le nord de l’océan Pacifique. Sa taille dépasse largement la superficie du Québec !
Les plastiques sont des dérivés pétroliers. Dans le cas des sacs souples, leur utilisation est de quelques minutes, alors qu’ils mettront des années à se décomposer. Pire, ils finiront dans le fond des océans ou dans l’estomac des animaux marins… Il paraît qu’en 2050, ce n’est pas si loin, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans.
Pour éviter les emballages, pensons aux sacs réutilisables, mais pas uniquement. Certains produits sont sur emballés. Quasiment tous les produits manufacturés. Limiter leur achat ou les éviter, c’est préférer cuisiner des bons plats maison, des biscuits avec des ingrédients sains, etc. plutôt que les versions du commerce (pleines de calories vides, en passant). Limiter les emballages et les plastiques, c’est préférer des produits faits main ou usagés. Réduire les emballages et les plastiques c’est penser à utiliser sa propre tasse à café, refuser les pailles en plastique ou encore préférer manger dans de la vraie vaisselle…
Le zéro déchet, c’est se débarrasser des produits du commerce et leur lot de substances chimiques
Qu’il s’agisse des produits d’entretien ou des cosmétiques, ils sont majoritairement composés de dérivés pétroliers, de solvants, de silicones et d’autres ingrédients pas très naturels. En lisant les étiquettes, nous nous apercevons rapidement que la liste des substances néfastes pour la santé (et la planète) est malheureusement longue.
D’une part, nous souhaitons une maison propre et exempte de germes ou de bactéries. Mais pour se faire, nous polluons notre air des produits chimiques dégagés par les produits nettoyants.
D’un autre côté, nous souhaitons nourrir, apaiser, nettoyer notre peau et notre corps. Or, la composition de savons, shampooings , crèmes en tout genre ou de la pâte à dent laisse vraiment dubitatif. Mais pourquoi acceptons-nous d’utiliser autant de produits chimiques ?
Les alternatives aux détergents se trouvent probablement déjà dans votre cuisine. Les recettes de produits d’entretien à base de vinaigre et de bicarbonate de soude ne datent pas d’hier. Ajoutez à votre arsenal un bon savon (de Marseille, d’Alep, noir ou saponifié à froid) et voilà un trio qui peut à lui seul remplacer la majorité des produits cachés dans vos armoires.
Pour obtenir un nettoyant tout usage, mélangez, dans un vaporisateur, du vinaigre et de l’eau à parts égales. Utilisez des huiles essentielles pour l’odeur et leurs propriétés. Vous nettoierez vitres, comptoirs, planchers, murs, miroirs, éviers, céramiques… En somme, toutes les surfaces. C’est magique, c’est efficace, ça marche partout et en plus ça ne coûte rien ! Que demander de plus ?
Dans la salle de bain, remplacez votre crème hydratante par une huile végétale, un beurre onctueux, comme le beurre de karité. Préférez les savons en pain aux savons liquides. Voilà des petits changements faciles à adopter. Pour faire d’une pierre deux coups, pensez à prendre des produits dans des emballages réutilisables.
Mettre fin au gaspillage alimentaire
30% des achats alimentaires d’un ménage finissent à la poubelle. L’avènement du réfrigérateur nous permet de nous créer une grande réserve de nourriture. Alors que nos besoins quotidiens sont entre 1500 et 2000 calories par jour, nous accumulons dans cette chambre froide et dans le garde-manger de quoi tenir un siège. Par instinct de survie, nous les remplissons.
Pourtant, nous savons à quel point il est facile d’avoir accès à de la nourriture. Épiceries, restaurants, dépanneurs… l’offre ne manque pas. Elle est proche, accessible et ininterrompue. Nous sommes loin du temps où nous devions parcourir des kilomètres avant de trouver de quoi nous sustenter…
Opter pour un mode de vie zéro déchet, c’est acheter uniquement ce dont nous avons besoin. Cela nécessite de la planification (faire sa liste de repas et de courses) et un peu d’organisation. De plus, planifier nos repas est bénéfique pour notre santé et pas uniquement, notre tour de taille aussi sera ravi. Bien évidemment, n’oublions pas de composter les restes de table.
Ultimement, en éliminant le gaspillage alimentaire, voilà de l’argent en moins mis à la poubelle. Personne ne dira non !
Le zéro déchet, c’est simplement une forme de minimaliste
Parce que le principe numéro 1 est de refuser.
Faire entrer le zéro déchet dans son quotidien, c’est revoir son mode de consommation. Parfois se contenter de ce qu’on a, être inventif et détourner quelque chose qu’on a déjà.
Puis le second principe, réutiliser, donne aux objets (que nous choisissons de conserver) un statut privilégié. Celui d’être utile, à usages multiples et pour longtemps.
Un pot en verre fait office de :
- contenant à vrac,
- contenant pour le lunch, une boisson, une collation
- un joli vase
- une décoration ou un porte-crayons
- un pot à confiture
À force de repenser notre relation aux objets, le zéro déchet pousse à ne garder que ceux qui sont vraiment utiles, durables et multifonction. En ajoutant le principe de la papesse du rangement (KonMari), les objets qui nous entourent peuvent simplement nous satisfaire et nous plaire.
Voilà une belle manière de se créer un intérieur à notre image.
Avec le temps, opter pour le zéro déchet c’est se défaire du superflu. Un autre effet secondaire lié à ce mode de vie minimaliste, est qu’avoir moins de choses rend le ménage et le rangement vraiment plus faciles !
Le mot de la fin
Chacun est libre de son bonheur. Chacun est libre de faire ce qu’il peut. Surtout, il est important de ne pas chercher à être parfait et éviter à tout prix de vouloir tout faire. Commencez par ce qui vous paraît le plus simple. Commencez par une action que vous pourrez continuer toute votre vie pour qu’elle devienne une habitude, mieux, une évidence.
« Ce n’est pas parce que tout est à faire, qu’il ne faut rien faire. »
– Béatrice, de la famille presque zéro déchet.
Voulez-vous une maison plus propre, plus rangée, une meilleure santé, une vie plus simple, plus vraie, économiser de l’argent, mieux manger, soutenir l’économie locale, etc. tout en préservant l’environnement ?
Le zéro déchet m’a permis de vivre tout cela. Pour moi, c’est une forme de bonheur.
Auteur de cet article : Mylène Kwong