Concrètement, comment rénover une cuisine ou une salle de bain dans une approche écologique? Nicolas Girouard, spécialiste de la rénovation écologique au Québec, présente quelques astuces pour vous inspirer à rénover d’une façon plus respectueuse pour l’environnement, votre santé et de votre qualité de vie.
Crédit photo : Les projets de Nicolas
En tant qu’éco-entrepreneur et lors de la formation qu’il offre à Solution ERA, dans le cadre du Certificat en Design de Bâtiment Écologique, Nicolas rappelle que vous pouvez agir dès maintenant, par de petites actions concrètes, afin de rendre votre bâtiment plus écologique. Pour ce faire, il présente des solutions, à petite comme à plus grande échelle, en prenant pour exemple la rénovation écologique d’une salle de bain et d’une cuisine.
L’article La rénovation écologique n’est pas plus coûteuse vous présente également des stratégies pertinentes! Il s’agit d’appliquer certaines méthodes et d’investir de façon futée!
Rénover une salle de bain de façon plus écologique
1. Déconstruction et tri
Vous décidez de rénover votre salle de bain en grand? Une étape fondamentale, qui relève de bonnes pratiques d’éco-entrepreneur, consiste à effectuer un tri à la source des matériaux qui résultent de la déconstruction.
Cela ne vous coûte pas plus cher de trier le cuivre, le reste du métal, le bois, la céramique et le gypse. Il s’agit simplement de s’organiser.
2. Vérifications essentielles
Tant qu’à devoir mettre à nu le plancher, les murs ou le plafond d’une pièce, il est stratégique d’anticiper vos futures rénovations et d’effectuer les changements nécessaires en une seule fois. Vous économiserez ainsi en temps, en énergie et en argent, en plus d’éviter le gaspillage de matériaux – une approche plus écologique – lors d’une réouverture du revêtement final, un ou deux ans plus tard.
Pour vous assurer de ne rien oublier, vous pouvez effectuer les vérifications essentielles suivantes :
- Identifiez des défaillances potentielles dans les appareils cachés dans la structure
- Assurez la solidité structurelle du bâtiment et de la pièce
- Décelez la présence éventuelle de moisissures
- Assurez la mise à niveau du plancher et l’équerrage des murs
- Évaluez l’espérance de vie du drain de fonte et, au mieux, le changer
- Assurez l’alimentation d’eau par un système en acier galvanisé
3. Ossature en bois certifié SFC
Pour stabiliser ou changer l’ossature de la structure, l’idéal est d’utiliser des « 2 x 4 » certifiés SFC (pour Forest Stewardship Council). Ceci permet de s’assurer que le bois provient d’une forêt à reboisement contrôlé (voir aussi les normes SFI et CSA).
4. Contreplaqué sans COV
Si vous souhaitez doubler le plancher de votre salle de bain avec du contreplaqué, vous noterez que les contreplaqués sans COV – sans urée formaldéhyde – qui seraient à privilégier pour votre santé, ne sont pas encore communément trouvés. Quelques rares entreprises en fournissent, telle Uniboard (une entreprise québécoise).
Crédit photo : Les projets de Nicolas
5. Récupérateur de chaleur des eaux grises
L’installation de ce type d’appareil – qui soit dit en passant est éligible à un crédit d’impôt gouvernemental –, permet de récupérer la chaleur de l’eau sortant de la douche par le biais d’un serpentin de cuivre qui entoure le tuyau d’évacuation – dans le cas d’un système vertical. Cette chaleur est par la suite transférée à l’eau froide entrante, la réchauffant ainsi partiellement avant même qu’elle ne passe par le chauffe-eau. Ceci vous offre une économie énergétique appréciée
Il existe également un modèle horizontal, appelé EcoDrain, qui fonctionne avec des lamelles de cuivre plutôt qu’avec un serpentin pour réchauffer l’eau entrante. Vous pouvez utiliser le modèle vertical ou horizontal selon la marge de manœuvre et l’espace disponible dans votre habitat pour accueillir le système. Généralement, c’est lors de la rénovation du sous-sol que cette installation est à privilégier.
Le coût de cet appareil s’élève à environ 600$, plus les frais de main-d’œuvre. Toutefois, non seulement vous pouvez obtenir un crédit d’impôt, mais vous pouvez également installer l’appareil vous-même. Du point de vue de vos factures énergétiques, ce sera en fin de compte un investissement qui se rentabilisera sur quelques années.
6. Pose d’un ventilateur, d’une minuterie, d’ampoules DEL et d’un gradateur
Pour assurer la qualité de l’air et l’évacuation du surplus d’humidité de la salle de bain, un ventilateur – idéalement silencieux – qui expulse l’air à l’extérieur, est une installation essentielle. Du point de vue énergétique, il est efficace d’installer non seulement une minuterie pour l’éclairage de la salle de bain – idéalement à ampoules DEL dont l’éclairage peut être modulé par un gradateur – mais aussi pour le ventilateur.
7. Peintures, ciment, colle et coulis sans COV
Il existe sur le marché actuel des peintures qui, en plus de ne contenir aucun COV, coûtent le même prix qu’une peinture standard à qualité égale. De plus, la colle Mapei est conseillée pour l’installation de carreaux de céramique ou de pierre, car elle permet un travail de bonne qualité, sans polluant.
8. Stratégies pour plus de durabilité des matériaux de la douche et du lavabo
Évitez les bases de douche en acrylique : il est préférable d’opter pour une base de douche en céramique. Ceci constitue un investissement à long terme, qui offrira une qualité esthétique – excellente pour la valeur de revente de votre bâtiment – en plus de gagner en qualité et en durabilité.
Évitez les panneaux de gypse autour du bain ou de la douche : il est nettement préférable de poser des panneaux de béton ou de type DensShield autour de votre douche, afin d’assurer une plus grande pérennité aux matériaux de cette zone, en plus de minimiser les risques de moisissures.
Dépassement de la surface de céramique : les murs qui entourent votre bain ou votre douche devraient idéalement être couverts d’une céramique jusque sur un dépassement de dix centimètres de chacun des côtés. Ceci permet de conserver l’intégrité de vos panneaux de gypse lors d’écoulements répétés provenant d’un rideau de douche mal fermé.
Sinon, l’installation de ce qu’on appelle communément un « splashguard », qui consiste en une petite plaque de la forme d’une équerre en plastique installée au coin extérieur de la baignoire, évitera également les coulures d’eau dans les murs et dans le sol.
Pour les mêmes raisons, l’installation d’un dosseret de céramique, protégeant le mur derrière le lavabo, est fortement recommandée.
9. Installation d’un système de gestion de l’eau efficace
Quelques exemples de systèmes à haute efficacité :
- Toilette avec une chasse de 4,9 litres d’eau maximum (ou à double-chasse)
- Robinet avec un débit de 5,6 litres par minute
- Pomme de douche avec un débit de 7,5 litres par minute
Il y a quinze ans, ces articles étaient plus dispendieux et difficiles à trouver. Aujourd’hui, ils sont souvent à coûts égaux avec les systèmes standards, et sont offerts dans la plupart des quincailleries de quartier. Ceci s’applique tant aux toilettes double-chasse, qu’aux robinets certifiés pas la norme WaterSense et MaP.
10. Mobilier réutilisé ou sans COV
Une façon d’offrir à votre salle de bain une ambiance chaleureuse – en plus de prendre soin de votre santé et de moins polluer –, est de réemployer du mobilier ou des structures de bois recyclé (antiquités, vieilles solives, etc.) qui peut être adapté à l’espace disponible. Cela ne coûte pas nécessairement plus cher en mobilier, même si cela peut-être un peu plus coûteux en main-d’œuvre.
11. Remplacement des fenêtres
Selon Nicolas, l’idéal est de privilégier des fenêtres à pellicule Low-E afin de prévenir la perte de chaleur si vos fenêtres sont situées sur la façade Nord, et la surchauffe si elles sont situées sur la façade Sud. Suivez ce lien pour plus de conseils sur le choix d’une fenestration efficace.
12. Avoir un bac à compost dans sa salle de bain
Votre salle de bain domestique ou celle du bâtiment qui abrite votre bureau peut être équipée d’un bac de compost afin d’y recevoir les rebuts organiques : cotons, mouchoirs en papier, éventuels restes de nourriture, etc.
Rénover une cuisine de façon plus écologique
Crédit photo : Les projets de Nicolas
1. Systèmes similaires à la salle de bain
Plusieurs des éléments décrits plus haut peuvent être également applicables à une cuisine :
- Déconstruction et tri à la source
- Vérifications essentielles
- Ossature en bois certifié FSC
- Matériaux sans COV (contreplaqués, colles, peintures)
- Dosseret pour l’évier afin d’éviter les dégâts d’eau dans les panneaux de gypse
- Ampoules DEL et gradateur
- Système de gestion de l’eau efficace (robinets à faible débit)
- Fenestration efficace
- Poste de tri pour les matières résiduelles (compost, recyclage, etc.)
2. Choisir le bois pour la cuisine
Vous souhaitez utiliser du bois pour une ambiance plus chaleureuse? Visez sur le long terme grâce à des bois durables, et idéalement locaux. Par exemple, pour le plancher, vous pouvez faire usage d’un bois massif, d’un bois d’ingénierie ou de liège. La céramique, le béton ou la pierre restent toutefois des options très viables sur le long terme en plus de servir de masses thermiques.
3. Les caissons et les portes d’armoires
Trouver des caissons et des portes d’armoires sans COV est encore un défi de nos jours.
Qui dit cuisine sur mesure dit généralement présence d’un taux élevé de COV dans les matériaux. Notez que le seuil d’émission de COV devrait être inférieur à 0,05 partie par million!
Les ébénistes ou des entreprises très spécialisées dans ce domaine peuvent fournir ce type de mobilier sans COV. Mais ceci reste toutefois un investissement coûteux. Comme Nicolas, sachez être inventif et ingénieux ; le recyclage ou le réemploi d’anciens meubles (antiquités ou non), ou de structures de bois (solives, anciennes caisses à beurre, etc.), offrent une alternative originale, rustique et beaucoup plus saine pour la santé et l’environnement.
4. Comptoir et plan de travail
Encore une fois, visez ici la longévité et la durabilité des matériaux pour le comptoir et le plan de travail de votre cuisine. Évitez si possible les comptoirs en stratifié! Des options viables seraient :
- Le béton
- Le bois huilé (qui demandera un peu d’entretien)
- La céramique
- Le quartz
- Les pierres naturelles (granit, ardoise, etc.)
- Le verre recyclé
5. Un réfrigérateur et un lave-vaisselle certifiés EnergyStar
La certification canadienne EnergyStar, qui indique les produits écoénergétiques, est idéalement recommandée pour tous vos appareils domestiques, que ce soit le réfrigérateur, le congélateur, le lave-linge, le lave-vaisselle, etc. Ce type d’appareils vous fera également économiser sur votre facture énergétique.
Planification
La planification est un élément incontournable dans votre rénovation écologique. Effectuez une liste de vos besoins et de vos désirs avant de rénover. Qu’est-ce qui est vraiment essentiel? Renseignez-vous sur les réglementations et les certifications disponibles dans ce domaine
Tenir un registre est également important. Cela vous permet de ne pas laisser se détériorer votre investissement financier principal.
Pour en savoir beaucoup plus sur la rénovation et la construction écologique, suivez le lien vers le Certificat en Design de Bâtiment Écologique!