Construire une serre d’abondance est déjà en soi un beau défi. Mais la serre adjacente à la maison de Luc Muyldermans est aussi un bâtiment solaire passif. Dans son jardin potager couvert, il fait pousser des légumes biologiques, des plantes aromatiques et des fleurs. Il y héberge même de petits locataires fort sympathiques! Francis est allé visiter ce lieu épique dans lequel nous avons découvert quelques secrets de fabrication. Suivez-nous sur les chemins qui mènent vers plus d’autonomie alimentaire!
L’histoire de la serre d’abondance de Luc Muyldermans
Pour Luc, ce projet de serre d’abondance était incontournable. Son père ayant été viticulteur sous serre, il a passé son enfance à arpenter les allées chauffées par le soleil !
Au fil des années, Luc a tout appris de la culture sous serre. Il s’est aussi formé au jardinage et à la culture en potager d’intérieur. C’était par conséquent une évidence, il aurait un jour sa serre 4 saisons pour faire son jardin.
La serre adossée à sa maison est non seulement très prolifique, mais elle possède aussi un design solaire passive. Aucun chauffage n’est nécessaire, même au plein cœur de l’hiver.
C’est d’ailleurs chez lui que nous avons tourné notre cours pour apprendre à construire une serre. Ce cours fait partie du Certificat de Design de Bâtiment Écologique qui réunit toute l’information indispensable pour réaliser un projet de construction écoresponsable.
Avoir un lieu couvert pour cultiver ses légumes tout au long de l’année comporte de multiples bénéfices :
- Production de variétés potagères qui demandent plus de chaleur en été pour pousser en abondance sous nos latitudes.
- Accès à une nourriture fraîche, locale et riche en éléments nutritifs, même pendant l’hiver.
- Amélioration de la qualité de vie avec un accès à un lieu où se ressourcer, profiter du soleil et se détendre.
Dans le cas d’une serre de jardin en verre, un autre avantage concerne sa durabilité. En effet, elle résiste mieux aux intempéries par rapport à une serre tunnel confectionnée avec une bâche.
La culture sous serre au Québec pour accroître l’autonomie alimentaire
Malgré les températures hivernales très froides au Québec, une serre d’abondance peut produire 10 mois dans l’année. Dès le mois de février, l’ensoleillement est suffisant pour fournir de la chaleur. Même avec -20 °C à l’extérieur, le rayonnement solaire suffit à faire grimper le thermomètre à 20 °C à l’intérieur.
Les journées où la température extérieure descend à -30 °C, il peut geler la nuit dans la serre. C’est la raison pour laquelle, pendant la saison froide, Luc fait pousser uniquement des légumes d’hiver :
- Poireau
- Chou rouge
- Chou frisé
- Céleri-rave
- Panais
- Salade
- Cresson
- Épinard
En été, c’est l’inverse qui se produit avec des températures qui montent fortement derrière les baies vitrées. Pour la récolte estivale, ce sont les plantes qui nécessitent le plus de chaleur que Luc installe en priorité dans sa serre :
- Tomate
- Aubergine
- Concombre
- Poivron
- Courge
- Melon
Une serre solaire passive pour préserver l’environnement et réduire le coût énergétique
Pour Luc, chauffer sa serre en hiver est un non-sens énergétique. Parce que son design comporte une grande surface de vitrage, les déperditions de chaleur sont importantes dès qu’il fait froid.
La meilleure solution réside dans l’adaptation au climat de sa production alimentaire. Les variétés de fruits et légumes changent en fonction des saisons. Il ne faut donc pas s’attendre à manger des tomates et des fraises en décembre. Toutefois, cette contrainte n’en est plus vraiment une lorsqu’on découvre les nombreuses variétés auxquelles nous avons accès!
La construction de la serre d’abondance solaire passive
Le défi d’une serre solaire passive réside dans le fait d’optimiser l’apport de lumière tout en minimisant les pertes de chaleur.
L’isolation de la serre d’abondance
Cette grande serre est construite sur une fondation en béton sur le versant sud de la maison. L’ensemble des murs est isolé et la surface de fenestration a été calculée en fonction des besoins de culture. L’idée étant de ne pas avoir plus de vitres que nécessaire puisque ce sont elles qui ont la moins grande résistance thermique.
Pour des questions relatives à l’humidité et les changements de température, la serre est isolée de la maison. En effet, le mur attenant qui les sépare est isolé au même titre que les murs extérieurs qui constituent l’enveloppe de la maison.
Quant à la porte intérieure, qui fait à jonction entre les 2 espaces, c’est une porte d’entrée parfaitement isolée.
Les murs et les parois de la serre
La baie vitrée a été posée selon un angle de 45 degrés. Cet angle permet à la fenestration de mieux capter les rayons du soleil même lorsqu’ils sont bas à l’horizon. Cela est également valable lorsque le soleil est au zénith et que le rayonnement arrive à la verticale. Avec cet angle, le soleil entre jusqu’au fond de la serre tout au long de l’année.
Lorsque Luc a rénové son jardin de serre, il a installé une paroi inclinée sur le mur du fond. Cette paroi blanche redirige les rayons du soleil vers le sol afin que les plantations qui sont en pleine terre bénéficient d’un maximum de luminosité.
Le développement de la biodiversité à l’intérieur d’une serre
Luc possède 3 cailles qui vivent dans la serre. Elles participent à équilibrer le milieu naturel qui s’est développé avec le temps dans son jardin biologique. La biodiversité des micro-organismes et des insectes est toujours un support appréciable pour les jardiniers. Elle améliore la résilience du milieu, aidant ainsi chaque plante à être plus résistante aux agressions extérieures.
Les cailles sont de petits volatiles qui ne mangent que ce qu’ils trouvent dans le sol. Elles ne s’attaquent généralement pas aux semis et aux plantations. Ces oiseaux sont des prédateurs naturels des insectes et des cloportes. Elles sont d’une assistance franchement appréciable surtout quand les cloportes tentent d’envahir les salades !
Mais ce n’est pas tout! Leurs excréments viennent enrichir la terre et elles pondent des petits œufs dont le goût est similaire à ceux de la poule.
Construire une serre de jardin ou une serre adjacente à une maison est à la portée de tous. Luc a d’ailleurs bâti la sienne en autoconstruction avec le matériel disponible dans les magasins de bricolage. L’ensemble des techniques qu’il a utilisées sont détaillées dans la formation Serre d’Abondance et Autonomie Alimentaire.
Sachez cependant que bâtir une serre nécessite de respecter certaines règles de construction. Cela dans le but de ne pas se retrouver avec des problèmes de fuites ou de moisissures. Pour que le bâtiment soit durable, il faut prendre en considération les mécanismes de condensation et d’évacuation de l’humidité.
Si vous aussi vous aimeriez produire une partie de votre nourriture, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets!
Nous pensons que ce type de bâtiment écologique fait partie des solutions d’avenir. Et nous ne sommes pas les seuls! La croissance des serres au Québec fait partie des stratégies gouvernementales pour atteindre une plus grande autonomie alimentaire.
En attendant, nous espérons que cette serre d’abondance vous aura inspiré. Et si vous souhaitez continuer l’aventure, suivez-nous dans cette visite d’une maison rénovée pour la récupération d’eau de pluie.
Consultez la fiche technique (dimensions, isolation, etc.) ici : Fiche technique