Frédéric Wiper est allé à la rencontre de Rémy Pratt, un expert en autonomie énergétique. Il fait partie des formateurs de Solution ERA qui partagent avec passion leur expertise et leurs savoir-faire. Pour couler des jours heureux, il a décidé de s’installer sur un terrain boisé au milieu de la forêt. Un endroit assez reculé pour qu’aucun service de distribution d’eau ou d’électricité ne se rende. Équipé de ses outils et de quelques panneaux solaires, c’est dans ce petit coin de paradis que Rémy construit sa minimaison autonome. Au côté de Frédéric, il partage avec nous ses conseils pour réussir sa vie off grid!

La construction d’une minimaison autonome à l’intérieur d’un plus grand projet

La minimaison autonome de Rémy Pratt est située à Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie, au Québec. Cette micromaison est le point de départ d’un plan de construction ambitieux : celui d’une plus grande maison entièrement autonome en énergie électrique.

Tout comme chaque bricoleur le sait, l’expérience vient avec la pratique. Et les erreurs font partie de l’apprentissage. C’est la raison pour laquelle, Rémy a eu l’idée de construire un petit modèle d’habitation off grid pour se faire la main.

En construisant une 1re habitation autonome, il se donne l’opportunité de pouvoir faire des erreurs avec le stress en moins. Ainsi, sa 2e habitation aura la chance de profiter de toute l’expérience acquise au cours de la 1re phase du projet. C’est ingénieux!

Une minimaison autonome en énergie située au plein cœur de la forêt québécoise

Une tiny house autonome avec tout le confort

Sa tiny house, Rémy l’a voulue la plus petite possible. Ses dimensions sont celles d’un cube de 12 pi x 12 pi x 12 pi (3,6 m x 3,6 m x 3,6 m). Et après avoir posé l’isolant, chaque côté s’est réduit à 11 pi (3,4 m). Bien qu’elle soit petite, elle est parfaitement habitable, en plus de faire office de laboratoire grandeur nature!

Rémy y vit confortablement avec tout le matériel nécessaire pour se chauffer et se nourrir. Il y a même son bureau. Évidemment, comme l’espace est restreint, le mode de vie se veut plutôt minimaliste. Mais c’est le terrain d’essai idéal pour tester l’isolation et tout le système électrique autonome.

L’installation électrique

Pour atteindre l’autonomie énergétique dans l’habitation test, une partie de l’électricité fonctionne sur 12 V. Des prises électriques, en vente dans les magasins de bricolage, sont adaptées pour le courant continu. Elles sont fabriquées en utilisant le même principe que les prises pour allume-cigares qu’on retrouve dans les voitures.

Chez Rémy, l’éclairage et le matériel de bureau sont adaptés au courant 12 V. Les rubans de DEL (diode électroluminescente) et les lampes se branchent sur des prises USB. L’ordinateur, le téléphone et la tablette travaillent eux aussi en basse tension.

L’habitation est aussi équipée avec du 120 V afin de pouvoir brancher d’autres équipements.

Le système de chauffage

Le chauffage est assuré par un petit poêle à bois. Comme sa taille est réduite, son autonomie ne dépasse pas 2 h. C’est pourquoi la nuit, c’est un chauffage au propane qui prend le relais.

Avec ce chauffage d’appoint au gaz, Rémy peut partir l’esprit tranquille. Même en son absence, il sait que les tuyaux ne gèlent pas et que les murs ne se refroidissent pas trop en hiver.

Ce dernier point est important, car lorsqu’il faut réchauffer des murs froids en hiver, il se crée un point de rosée à l’intérieur des murs. Cela signifie que de l’humidité y reste prisonnière. Elle n’arrive pas à s’évaporer à cause des températures froides à l’extérieur. Avec les variations des degrés, les gouttelettes d’eau gèlent et dégèlent. Et de cette manière, elles endommagent l’isolant ainsi que les matériaux.

Avec son chauffage au propane, Rémy peut s’absenter jusqu’à 12 jours consécutifs.

L’installation solaire photovoltaïque pour la minimaison et le chantier de construction

Rémy a monté son panneau électrique comme ceux des bateaux dans lesquels il travaille depuis des années. Cela lui permet d’avoir une installation très efficace malgré le fait qu’elle soit temporaire.

Toute l’électricité est fournie par des panneaux solaires sans qu’il n’ait jamais eu besoin d’utiliser une génératrice. Les panneaux photovoltaïques produisent assez d’électricité. Elle est stockée dans 6 batteries et passe par un onduleur de 1 200 W. L’onduleur permet, entre autres, de transformer le courant continu des panneaux solaires en courant alternatif.

Par rapport aux besoins d’une minimaison autonome, cette installation solaire est nettement surdimensionnée. Mais c’est ce dont Rémy a besoin pour faire fonctionner ses outils, et notamment, son banc de scie et sa scie à onglet.

Une fois que sa maison sera terminée, l’onduleur et toute l’installation électrique déménageront. Étant donné sa puissance actuelle, l’équipement est déjà adapté pour alimenter la future habitation plus grande.

Les fondations de la future maison autonome en énergie

Les dimensions de la maison finale seront de 20 pi x 16 pi (6,1 m x 4,9 m). Elle est exposée face au sud afin de profiter pleinement des rayons du soleil. Cependant, Rémy souhaitait avoir plus de lumière le matin dans sa maison. La façade sud est donc en réalité légèrement décalée de quelques degrés vers l’est.

Les fondations de la maison sont surélevées pour être préparées à d’éventuelles inondations. L’accès à la rivière est proche et il y a des risques que le niveau d’eau monte en fonction des saisons.

Pour profiter de l’espace tampon ainsi créé sous sa maison, Rémy a décidé de l’aménager comme hangar. Il y entreposera son matériel de plein air (canoë, vélo, etc.). C’est une manière d’optimiser l’espace qui correspond tout à fait à l’état d’esprit qu’il faut intégrer pour désigner des minimaisons.

Sous les fondations, il y a un trou de 12 pi (3,7 m) de profondeur qui permet d’accéder à l’eau du puits. Rémy a eu l’idée d’aménager la réserve d’eau dans les fondations pour pouvoir y entreposer ses batteries. Cette installation comporte 2 avantages :

  • En été, les batteries sont au frais, ce qui évite de perdre de l’énergie à cause des surchauffes. 
  • En hiver, la chaleur dégagée par les batteries réchauffe la température de la réserve d’eau et empêche les tuyaux de geler.

Une idée ingénieuse qui en inspirera sûrement certains et certaines!

Du design à la conception

Rémy a conçu lui-même les designs et les plans de ses maisons. Il a fait partie des nombreux élèves qui ont suivi le Certificat de Design de Bâtiment Écologique. D’ailleurs, c’est une formation qu’il connaît bien puisqu’il fait aussi partie des intervenants!

En tant que spécialiste de l’autonomie énergétique, il fait profiter les élèves de son expérience dans le domaine de l’électricité et du solaire. Ses cours font partie de ceux délivrés par une vingtaine d’autres experts de la construction écologique pendant la formation.

Construire sa propre habitation écologique est un rêve qu’il est possible de concrétiser. En Amérique et en Europe, ils sont déjà nombreux à l’avoir fait!

Consultez la fiche technique (dimensions, isolation, etc.) ici : Fiche technique

Si vous souhaitez découvrir d’autres projets novateurs, suivez-nous pour une visite de l’écovillage la Cité Écologique de Ham-Nord!