Comment passer d’un appartement en ville à une grande maison individuelle en campagne? En misant sur la durabilité et l’efficacité énergétique de son habitation. La maison passive de Marilou et Étienne concilie haute performance et matériaux naturels. L’autoconstruction leur a permis de choisir les matériaux et le design de leur habitation avec soin. Le résultat est stupéfiant avec une certification LEED Platine à la clé. Francis nous amène la visiter et découvrir certains de ses secrets de fabrication!

Une maison passive bâtie par conscience écologique


Pour Marilou et Étienne, il était clair que leur maison passive serait autoconstruite de la manière la plus écologique possible. L’état actuel de la planète les a amenés à vouloir avoir un impact positif sur l’environnement. Pour réussir leur pari, ils ont misé sur 2 points en particulier :

  • La durabilité des matériaux et des méthodes de construction
  • L’efficacité énergétique

Étienne Vigneron est charpentier de formation et vice-président de l’entreprise de construction Éco-novation. Expert en bâtiment haute performance, il est également diplômé du Certificat de Design de Bâtiment Écologique de Solution ERA. Cette formation complète est reconnue auprès de l’APCHQ (Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec).

L’habitation, encore en construction au moment de la visite, s’apparente à une maison autonome en énergie. Elle a été pensée pour devenir un vecteur d’indépendance financière. L’objectif à terme pour ses propriétaires est de réduire au minimum les frais d’entretien et les frais de consommation d’énergie.

En comparaison, Marilou payait plus cher pour son condominium 4 ½ à Montréal que pour la maison située à Waterloo au Québec. Pour nos amis français, un condominium 4 ½ équivaut à un appartement avec 2 chambres.

Une fois la maison payée, le couple ne sera pas dans l’obligation de travailler à temps plein toute l’année. Allié à un style de vie écologique qui tend vers la simplicité volontaire, 7 à 8 mois de travail rémunéré par an leur suffiront. Ce qui leur laissera du temps pour s’impliquer dans d’autres projets, comme leur jardin, qui est déjà très abondant!

Une maison passive haute performance certifiée LEED

maison-passive-solution-era-1

Les techniques de construction solaire passive employées par Marilou et Étienne ont permis à l’habitation de remporter une certification LEED Platine.

Cette certification est attribuée par le Conseil du bâtiment durable du Canada. Elle consiste à vérifier que les habitations atteignent de hauts niveaux de performance dans les domaines de la santé et de l’environnement :

  • Efficacité énergétique
  • Choix des matériaux
  • Qualité de l’air intérieur
  • Gestion de l’eau
  • Aménagement écologique des sites

La certification LEED Platine correspond au plus haut niveau de certification au Canada pour les habitations résidentielles.

Les clés de la construction solaire passive 

Le 1er élément clé d’une construction passive, c’est l’exposition plein sud de la façade. Le nombre de fenêtres et leur exposition permettent de faire rentrer un maximum de chaleur pendant la journée. Et pour éviter les surchauffes en été, il est bien important de calculer la hauteur et la longueur des casquettes solaires qui surplombent les fenêtres.

L’ajout de masse thermique permet aussi une régulation naturelle de la température à l’intérieur des maisons passives.

Qu’est-ce que la masse thermique dans une maison ?

La masse thermique correspond à la capacité des matériaux à stocker la chaleur ou la fraîcheur. Les matériaux lourds et texturés comme la brique, le béton et la terre crue font d’excellentes masses thermiques. La masse thermique peut être ajoutée à l’intérieur de la maison tout comme dans l’enveloppe isolante.

Dans la maison de Marilou et Étienne, un mur de briques a été ajouté sur toute la hauteur du bâtiment. Elles participent à capter la chaleur en hiver pour la redistribuer progressivement tout au long de la nuit. Et l’été, elles accumulent la fraîcheur pour tempérer la maison.

Notez que le bois franc et les bassins d’eau participent eux aussi à l’inertie thermique d’une habitation.

Une enveloppe performante

L’enveloppe d’une maison est en quelque sorte le manteau d’hiver qui la protège contre le froid et l’humidité. Pour qu’elle soit réellement efficace, elle doit donc être performante :

  • Isolation supérieure
  • Bonne étanchéité
  • Fenêtres à triple vitrage
  • Structure évitant tout pont thermique

Et pour le revêtement extérieur, ils ont choisi le bois et plus particulièrement le cèdre qui est très résistant. Au passage, le revêtement en bois franc ajoutera encore plus de masse thermique à la maison. C’est un choix gagnant sur tous les plans!

Une isolation renforcée

L’isolation dans la maison passive du couple s’aligne sur les normes d’isolation Passivhaus en Europe. Ce sont actuellement les plus élevés dans le domaine du bâtiment résidentiel.
Voici les valeurs R de la maison de Waterloo :

  • R 42 sous la dalle
  • R 36 sol sur la fondation
  • R 42 murs de fondation
  • R 50 murs hors-sol
  • R 110 comble

Qu’est-ce que la valeur R en construction ?

La valeur R d’un mur ou d’une paroi correspond à sa capacité à limiter les transferts de températures. Plus la valeur R est élevée et plus les flux de chaleur mettront du temps à traverser les matériaux. Cette unité de mesure est exprimée en m2/KW. Pour augmenter la résistance thermique d’une paroi, il est possible de choisir des matériaux avec une forte valeur R ou d’augmenter l’épaisseur des matériaux.

Les normes d’isolation du Code du bâtiment au Québec, lorsqu’elles sont respectées, offrent déjà l’avantage de vivre dans des bâtiments écoénergétiques. Pour pouvoir les comparer avec les normes Passivhaus, voici celles du Code de construction :

  • R 10 sous la dalle
  • R 17 murs de fondation
  • R 25 murs hors-sol
  • R 41 comble

Vous remarquerez que le niveau d’isolation de la maison de Waterloo est bien plus élevé. Ceci dans le but de pouvoir atteindre les performances énergétiques d’une maison haute performance.

Un potager pour l’autonomie alimentaire inspiré de techniques de permaculture

Pour atteindre plus d’indépendance alimentaire, Marilou et Étienne ont créé un jardin. Et bien que ce soit la 1re année de culture, leur potager produit déjà de nombreux légumes de saison. Les 700 p2 (65 m2) de terrain destiné à être cultivé ont été aménagés avec des buttes autofertiles. Voyant tout le bois qu’ils avaient à disposition, le couple a utilisé la méthode de Sepp Holzer.

Cet agriculteur et auteur autrichien a popularisé la technique de la butte Hugelkultur particulièrement bien adaptée à la culture potagère. Pour créer les buttes, Marilou et Étienne ont profité du bois coupé sur la partie du terrain destinée à construire la maison.

À l’intérieur d’une butte Hugelkultur, la matière organique se décompose lentement en produisant de la chaleur. En se désagrégeant, elle alimente aussi le sol en nutriments et en minéraux, ce qui va permettre à la butte de rester fertile pendant des années!

Comment réaliser une butte autofertile?

Commencez par creuser des tranchées dans votre jardin. Remplissez-les avec des morceaux de bois qui ont commencé leur processus de décomposition. Ensuite, ajoutez des brindilles, des feuilles mortes et de la paille avant de recouvrir avec la terre qui a été retirée des tranchées. Ajoutez sur le top du terreau et votre butte est prête à être cultivée!

Conseils pour autoconstruire une maison passive

S’ils étaient amenés à refaire un projet identique, Marilou et Étienne changeraient à coup sûr certains points qu’ils jugent importants. Voici leurs conseils :

  • Engager une équipe pour monter la charpente
  • Réviser leurs ambitions de départ à la baisse
  • Construire une maison plus petite

Leur grande maison passive équivaut à 2 300 p2 de surface habitable (215 m2). Ils projettent déjà de la faire évoluer en fonction de leurs projets de vie.

Avec quelques modifications de design, ils savent déjà qu’ils ont la place d’aménager un appartement pour la location au sous-sol ou de créer des pièces de vie plus indépendantes pour construire un habitat intergénérationnel. Dans tous les cas, accueillir d’autres résidents dans la maison est une idée qui fait son chemin pour la suite…

Cette visite vous a-t-elle inspirée? Suivez Francis dans une autre visite épique, celle de son van aménagé pour les roads trip! Au programme : des rêves qui se concrétisent et de l’aventure.